Problèmes de valise à peine rentré

Et voilà, il entrait !

Gabriel portait la gigantesque valise où se trouvait toutes ses affaires, son ordinateur, des livres, en fait toute sa maison en concentré. Il portait aussi de grands sacs avec ses plantes, et un sac à dos logeant tout ce qui n'a pas logé ailleurs: la décoration de sa future chambre avec quelques objets utiles comme le coussin relaxant pour pieds.

Comment allait-il faire pour porter tout ça plus loin ? Il était déjà exténué de l'avoir déplacé jusqu'ici... Peu importe, il verrait ça plus tard.

Ah, Gabriel se demandait comment allait se passer son travail ici... Il aimait déjà la décoration mauve de l'endroit.
"Le décorateur doit être de très bon goût, se dit-il."
Il avait remarqué avant d'entrer dans le Hall que l'extérieur de Teikiatsu était très riche: une belle piscine où il pourrait nager, un magnifique jardin où il pourrait jardinner, une plage de galets magnifique elle-aussi mais sûrement très froide : c'était vraiment l'endroit qu'il lui fallait.

Et il allait enfin exercer son métier sur des cas particuliers, c'était si excitant! Mais il espérait quand même que ces "cas partculiers" ne le soient pas trop, car il voulait vivre assez longtemps pour tester la piscine.
"Mais j'ai rien à craindre, il y a sûrement des mesures de sécurité, se dit-il."

Enfin assez, il s'était reposé un moment en s'asseyant sur la valise où il pourrait loger si on la vidait, maintenant il fallait monter l'escalier.
Gabriel monta d'abord ses plantes et le sac à dos, mais la valise posait problème: en se forçant il pouvait la transporter à plat, mais dans un escalier il aurait fallu qu'il soit champion d'altères.
"Il y a quelqu'un ? demanda le nouveau psychologue, Quelqu'un pourrait m'aider?"
Mais le Hall était vide et sa question résonna dans le vide.

(Puis-je?)

Raphaël n'était pas quelqu'un de dangereux. Gentil, agréable, souriant, quoique ses particularités agaçent, on lui faisait facilement confiance. Devant le portail de Teikiatsu, à peine sorti de la petite voiture aux insignes de l'hopital, il lui suffit d'un charmat sourire pour convaincre l'infirmière de le laisser. Elle ne fit aucune difficulté. Etrange comme, soudain, on lui avait accordé plus de crédit, on lui avait laissé plus de liberté. Depuis qu'on lui disait qu'il était majeur... Quelle stupide idée! On n'est pas majeur à 17 ans! Toujours est-il que son existence était plus facile, maintenant...

Il entra dans le hall, trainant derrière lui le sac - énorme - qui contenait toutes ses affaires. Il y avait pas mal de vêtements dedans, mais aussi énormément de souvenirs. Accroché à son épaule, ce qui ressemblait à un minuscule étui à guitare. C'était en fait celui d'un violon, mais il y avait accroché une bandoulière.

Le printemps était là, depuis quelques semaines, et Elou était vêtu en conséquence: il avait remis ses chères ballerines vertes, un corsaire en jean assez féminin et un tee-shirt blanc au col largement ouvert, devant comme derrière, dévoilant quelques parcelles de peau et d'os saillants. C'était le printemps, donc, et les ballerines de Raphaël ne firent aucun bruit sur le tapis mauve du hall.

*C'est... mauve.* remarqua-t-il

Et ce n'était pas pour lui déplaire. De toute façon, Raphaël aimait toutes les couleurs. Il aurait bien mis des ballerines mauves, tiens... Il se perdit quelques instant dans ses pensées, regarda autour de lui, avisa quelques panneaux et, oh! un être humain.

"Bonjour!"

Il le salua courtoisement, quoiqu'avec enthousiasme, allant jusque, à son habitude, à faire une petite révérence. L'être humain était, semblait-il, un homme, quoiqu'il ne fallut jamais être sûr de rien. Il avait des cheveux violets, assez longs, et des yeux dorés. Raphaël, qui aimait l'harmonie et la beauté, apprécia ce gracieux ensemble. Tout en fixant, presque intensément, l'homme qui lui faisait face, il commença à s'absorber à nouveau dans ses pensées.

*Cesse donc de ressasser tes souvenirs, Elou. Ce ne sont que des souvenirs. Vis au présent.*

Il vivait, en fait, tellement au présent qu'il n'admettait pas que le temps passe. Bien qu'il sache pertinemment que sa "famille" était morte, le temps ne passait plus "après".

Il posa son sac par terre, puis déposa dessus, avec toute la délicatesse qui était la sienne, son violon. Voilà au moins quelque chose qu'il lui restait d'avant. Annick aimait tellement l'en entendre jouer... Curieusement, en pensant au passé, si une nostalgie immense l'envahit, ses yeux restèrent secs. Comme s'il avait tant pleuré que toutes ses larmes étaient épuisées.

[premier poste]

Mieko s'était dit qu'il ne fallait pas mettre une tenue trop voyante dés le premier jour. En plus il commençait à faire chaud et ses lourds vétements ne serairent pas appropriés pour la saison. Elle se contenta alors d'une courte jupe rouge bordeau avec un chemisier assorti. Elle s'était attéchée les cheveux en deux longues nattes avec des rubans rouges. Une tenue parfaite d'aprés elle pour son premier jour.

Elle posa ses deux valises et vits deux jeunes homme au loin dans la salle mauve (elle avait de la chance, le rouge bardeaux rend bien dans un fond mauve).

* C'est incroyable. J'ai les même goûts que le décorateur, le mauve est bon pour le teint.*

Elle s'approcha du jeune homme avec les chaussures vertes et de l'homme au cheveux violets qi semblait avoir besoin d'aide pour porter ses bagages.

" Bonjour! Je peux vous aider messieurs? Vous avez beaucoup de bagages."

Il avait besoin d'aide et voilà que l'on arrivait de toutes parts pour l'aider! La vie est bien faite parfois! Il s'en voulait un peu de devoir demander aux autres de l'aider à porter sa valise, mais ses bras avait un peu la même consistance qu'un flan au caramel. Mais il rêvassait, il aurait déjà dû les saluer.

Il imita l'esquisse de révérence de Raphaël Sirem et salua ses deux premières rencontres:
"_ Bonjour monsieur, bonjour madame. Merci de votre proposition, car, justement, j'avais comment dire euh... besoin d'aide pour porter cette valise. Mais j'oubliais de me présenter: je suis Mr. Gabriel Neuwirth, le nouveau psychologue de l'établissement. Je viens juste d'entrer."

"Je crois qu'à 3 nous réussirons à porter toutes ces valises dans l'escalier. Après tout ce ne sont que de simples valises."
Et il avait raison, des valises ce ne sont que des valises; et un escalier à monter, même si c'est mieux en ascenseur, ce n'est aussi qu'un escalier.
Il n'a pas dû réfléchir longtemps pour trouver qu'une chose est ce qu'elle est, mais arrêtons de critiquer. Gabriel avait assez honte de se montrer si ridicule à ne pas pouvoir porter une valise devant un pensionnaire, qui allait donc être un de ses patients. Ca commençait bien!

En plus la rumeur allait vite se propager que le psy a les bras en guimauve. Tant pis, il devrait vivre avec. Ce jeune homme aux chaussures vertes était poli, et Gabriel ne croyait pas qu'il allait propager des rumeurs sur lui. Mais cette femme qui semblait être du personnel ne lui inspirait pas confiance. Il y avait quelque chose de moqueur dans son regard...

Mais voilà qu'une jeune femme arrivait, en rouge sur le mauve, qui, à la fois, ressemblait à une petite fille modèle et avait l'air dangereuse; en tout cas pour Raphaël. Oh, pas vraiment dangereuse, elle n'allait pas leur sauter à la gorge - il l'espérait en tout cas - mais peut-être un peu perfide, un peu sadique de temps à autres... comme un peu tout le monde, finalement. Raphaëlou était le champion pour les analyses ultra-rapide et tout aussi inutiles.

*Elle a l'air d'être assez vieille, par rapport à ce que je sais de cet institut. Elle doit faire partie de l'équipe. A moins que ce ne soit une jeune qui ait vraiment souffert...*

Il se demanda ce qu'il fallait avoir vécu pour faire 5 ans de plus que son âge. Et se rabroua mentalement, car il ne fallait pas se perdre dans ses pensées inutiles mais plutôt dire bonjour à la dame. Il la salua d'un signe de la tête et d'un mot poli (non, ce n'est pas "merci" XD), mais déclina son offre en souriant.

"Il semblerait que le monsieur ait plus besoin que moi de votre aide"

Il se tourna vers Gabriel, qui venait de se présenter. Il esquissa un petit sourire, plus lumineux que les autres, car le psychologue lui avait rendu sa révérence, chose qui se passait rarement, surtout depuis deux ans.

*Serais-je enfin dans un monde civilisé? Oh, le rêve...*

"Raphaël Sirem, pensionnaire. Enchanté."

Gabriel Neuwirth, quand il pressentait que Elou ne propagerait pas de rumeurs, avait entièrement raison. Quoi de plus incertain qu'une rumeur? De toute façon, le petit ange en ballerines vertes n'avait pas beaucoup de forces non plus. Il chargea pourtant son lourd sac sur son épaule, à coté du violon, et saisit bravement une des valises de Gabriel.

"Vous avez raison, ce n'est qu'un escalier!"

Et monter un escalier, ce n'était rien, le matériel n'est rien, zeeeeeeeen... Euh, non, pas zen Raphaël, remue toi! Il était encore en train de se perdre dans ses contemplations.

*A nous deux, escalier!*

Puis il réalisa que cette phrase était profondément ridicule. Mais ça ne tuait pas.

Il ne comprenais pas pourquoi cette Mieko Kimura avait si mal pris qu'il l'appelle "Madame". Peut-être est-elle vexée d'être célibataire, ou au contraire s'affirme-t-elle féministe célibataire vouant une haine implacable à tous les hommes, les hypothèses ne manquent pas...

~~Quelle femme étrange... se dit Gabriel, si colérique , et tout de suite si gentille ... Elle aurait besoin d'une psychanalise... Mais si c'est quelqu'un du personnel, je ne pourrai pas m'en charger...~~

Ainsi, ce jeune homme aux ballerines vertes s'appelait Raphaël...Raphaël comme son cousin! En plus il lui ressemblait! Quelle coïncidence!
Et la femme étrange, elle, se nommait Mieko... Mieko Kimura.
Elle était en train de monter l'escalier avec le sac qui contenait les plantes, soit ... le sac qu'il aurait pu monter sans aucune difficulté... Bon, aller, dès qu'elle allait redescendre ils allaient tous les trois porter les valises les plus lourdes...

Après avoir réussi à atteindre son bureau, s'il y arrive un jour, il pourrait installer ses affaires.Il rêvait sur son futur bureau... Sera-t-il grand, sera-t-il petit, sera-t-il beau ?

Ah, il rêvassait depuis longtemps, et Mieko n'était même pas arrivée en haut.~~ Mais qu'est-ce qu'elle fabrique?!
~~
Peu importe, il allait patienter. En attendant, il n'avais qu'à parler avec Raphaël, qui lui semblait très sympathique.

" (à part) Ah, comme madame Kimura est étrange... (sens un regard glacial le poignarder par derrière) euh enfin je veux dire mademoiselle Kimura.
(à Raphaël) Alors, Raphaël, cet établissement vous convient-il ?
Je le découvre en même temps que vous, et, pour ma part je pense nos séjours à tous seront agréables."

Lorsque Mieko déversa tout son venin sur Gabriel - quoique Raphaël soit persuadé qu'elle puisse être pire et qu'il lui reste du venin - le jeune homme aux ballerines vertes ressentit une irrésistible envie de rire. Il la contrôla tant bien que mal, si bien que ses yeux rirent tout seul. C'était très gai et peut-être innaproprié car si mademoiselle Kimura le remarquait, elle risquait de verdir. Elle ne lui faisait pas peur le moins du monde mais ça l'aurait embêté qu'elle se soit étranglée de rage - au sens propre.

En tout cas, la jeune femme se calma immédiatement - au point qu'Elou se demanda si elle n'était pas un peu borderline - se présenta - Mieko Kimura, c'était japonais, ça, non? - et dit qu'on pouvait l'appeller Mimi. Si elle le voulait. Donc non, apparemment. Elle leur serra la main si vigoureusement que les deux hommes ne réagirent même pas. Raphaël se borna à lui adresser un sourire aimable - mais de toute façon il souriait tellement qu'il n'y avait aucune différence avec son expression précédente.

*Elle a prit la valise la plus petite*

Il n'aimait pas juger, mais il nota ce petite détail dans sa tête. C'était ainsi qu'il nourissait sa fabuleuse mémoire. Si fabuleuse qu'il retenait tous les détails inutiles, en fait. Il porta l'ongle de son pouce à sa bouche mais, dès qu'il s'en aperçu, il le retira. Se ronger les ongles était une mauvaise habitude et il avait suffisamment de mauvaises habitudes comme ça. Et d'intoxications.

"J'ai moi-même choisi cet établissement, ce que j'en sais pour l'instant me convient donc. Je découvre la décoration qui a l'air... très mauve, mais ce n'est absolument pas un problème, au contraire. Et vous? En tant que psychologue, vous avez vous aussi choisi votre affectation, non?"

*Mmm, j'espère que ce sera bien... toujours mieux qu'un asile, sûrement.*

Il prit une valise, qu'il souleva non sans difficulté puisqu'il avait déjà son propre sac - quelque chose qui ressemblait à un sac de sport, grand, avec des dessins fantaisistes et beaucoup de orange - et fit quelques pas, invitant Gabriel à le suivre.

"Bien, et si nous allions découvrir ce merveilleux endroit qui nous attend?"

Il aurait eu du mal à découvrir quoi que ce soit, chargé comme un mulet et écrasé qu'il était.

Gabriel prit lui-aussi une poignée de sa valise et .... AOUTCH! C'était lourd! Un petit effort, pour son arrivée... Une marche, et une autre, et encore une autre, monter et toujours monter... Et voilà la valise était arrivée tout en haut du haut du haut du haut de l'escalier, à la dernière des marches. Gabriel n'en croyait pas ses yeux: ils étaient, Raphaël et lui, devant Mademoiselle Mieko Kimura, c'est-à-dire tout en haut de l'escalier. Pfiu, il avait mal aux bras et il suait de partout : l'essentiel était de ne pas le montrer. Alors, cacher ses mains rouge tomate, ne pas respirer bruyamment,...

Ainsi il était arrivé! Gabriel voulait crier de toutes ses tripes mais il se contenta de le penser. ***fort intérieur: ***

"(à Raphaël) Oui, effectivement j'ai choisi cet établissement car je n'avais pas trouvé mieux et que je voulais arrêter d'être psychologue pour enfants, et oui ils tapaient sur les nerfs... Ah!.. Mais comme la psychologie a toujours été ma passion je tenais bon...
(à Mieko)Et vous, mademoiselle Kimura, sans indiscrétion, euh... quel poste occupez-vous ?"

~~Que va-t-elle faire ???? Me crier dessus comme tout-à-l'heure ou me répondre avec un énorme sourire?~~

~~Glurps... Elle se retourne...elle se retourne...et, et...~~

Même si Raphaël adorait les enfants - il en était un lui-même - il comprenait qu'ils puissent taper sur les nerfs. Pour lui, les cris et les cavalcades n'étaient qu'une nouvelle et joyeuse source d'énergie, mais on lui avait fréquemment confié qu'"on" était agacé, enervé, lassé par ces petites créatures grouillantes (non, nous ne parlons pas de cafards mais d'enfants).

Quand à la psychologie, il aimait bien, également. On sait qu'il aime beaucoup de choses! Il avait été confronté à des psychologues, après "l'accident" - il appellait toujours ainsi la catastrophe de sa vie, même si ça n'avait rien d'un accident - et leurs entrevues s'étaient toujours bien déroulées, mis à part quand le psy essayait de lui faire admettre que le temps avait passé. Cette obstination amenait toujours à des crises, chez Raphaël, crises de larmes, voire d'hallucinations.

Puis mademoiselle Kimura attaqua avec son métier. Elle semblait bien sûre d'elle, avec son histoire de diabétique, et quand elle déclara être la meilleure, Raphaël se demanda si elle n'avait pas elle aussi un petit grain.

*Bah, si elle manque un peu de modestie, on voit qu'elle a la joie de vivre!*

Et voilà, c'était tout Raphaël de trouver des excuses à tout le monde. des excuses pas toujours valables... Tout de même, quand elle partit dans un grand rire, le jeune homme se demanda si elle n'exagérait pas un peu. En la voyant soulever ses valises sans difficulté, il songea qu'elle devait être plus forte que lui et quand elle le dévisagea - enfin, décorpora, euh, non en fait ^^' - il se sentit un peu, sinon troublé, gêné.

Il n'avait pas l'habitude qu'on l'examine de cette manière. Et puis elle commença, avec un entrain hallucinant - hum - à le complimenter pour son style vestimentaire.

*Cette femme est vraiment imprévisible...*

"Euh... merci! Je les ai trouvé, euh..."

Et il se trouva face à un problème typiquement raphaëllien: il ne savait plus où il avait acheté ses ballerines chéries qu'il adorait. Il n'allait pas faire attention à des choses aussi matérielles que des magasins, tout de même!

Elle s'attendait ce genre réponse. C'était toujours comme ça quand elle posait ce genre de question, ils ne savent jamais où ils achètent leur affaires. De toute façon elle poura s'acheter des balerines et les teindre en verts plus tard. Le chemisier elle poura en coudre un plus beau. Ce sera mieux ainsi. Elle répondit alors d'un ton gentil et doux:

" Ce n'est pas grave. Je me débrouillerais toute seule. Toi tu ne dois pas être du personnel, tu es un pensionnaire? Alors on se verra peut être! Tu ne crois pas? "

Elle dit ceci avec un grand sourire chaleureux, elle en fait de très beau. Elle trouvait ce jeune homme très sympathique. Il lui rappelait un peu Ryoichi, en plus jeune, avec les cheveux chatain et des vêtements féminins... Bon il ne ressemble dans le fond pas telmens à Ryoichi, mais il devrait être aussi gentil.

Elle trouvais cette très à son goût: coloré, étrange, très chique... Tout ce qu'elle aime. C'est sa folie à elle. Oui, elle avais un certain grain, mais certainement moins que les personnes qu'elle rencontera ici. Et puis elle trouvait que ça lui donne l'air plus jeune et plus vive comme ça.

~* Il faut profiter de la vie tant qu'elle est là!*~

Aprés, elle regarda Raphaël et Gabriel et dit :

" Bon moi je vais dans ma chambre ranger mes affaires! Je serais là si vous me chercher!! A bientôt messieurs, j'espère qu'on se reverra!!"

Elle prit ses affaires après avoir laissé le petit sac en haut de l'escalier puis s'en alla leur disant aurevoir d'un signe de la main.

[appartement de Mieko Kimura]

Mieko était partie dans ses appartements, laissant Raphaël et lui seuls sur le palier du premier étage. Elle disait qu'elle serait chez elle si on la cherchait. Mais il fallait d'abord que Gabriel installe ses affaires dans sa chambre et son cabinet. Il y verrait bien son étrange peluche de Freud. Il pourrait aussi mettre un maximum de coussin dans son appartement (il tenait à son confort. Il en conserverait néanmoins certains pour les patients, comme le coussin masseur de pieds.

Gabriel pensait encore une fois à la façon dont il allait décorer son cabinet alors qu'il ne l'avait jamais vu. C'était illogique, car il était possible qu'il n'y ait pas la place pour le coussin masseur de pieds. Dans ce cas là, il le garderait pour lui.

Puis après être sorti de ses pensées, Gabriel parla à Raphaël:
" Bien, moi aussi je vais aller ranger mes affaires dans ma chambre. Et puis j'irai dans mon cabinet pour le décorer. Tu peux me suivre si tu veux. A moins que tu ne veuilles toi aussi ranger tes affaires."

Gabriel ne faisait jamais allusion aux vêtements de Raphaël, enfin disons plus particulièrement ses ballerines vertes.C'était un peu bizarre, c'est vrai, mais pas vraiment gênant. Et il ne se serait jamais douté que Raphaël avait 19 ans. Celui-ci ne lui paraissait pas avoir cet âge, mais de toute façon il ne paraissait que 2 ans plus jeune, ce qui n'était pas une très grande différence.

Alors Gabriel mobilisa tous ses efforts et tira sa valise dans le couloir. Parfois on entendait des petits grognements quand il n'avait plus assez de forces pour tirer. Enfin il se débrouillait...


[ => appartements de Gabriel Neuwirth ]

Raphaël sourit, lui aussi, à la douceur de Mieko. Un chaton, cette jeune femme, un chaton qui n'hésitait pas à griffer. Un adorable petit tigre... Comme tant de gens, comme tant de femmes... Pourquoi ressentaient ils le besoin de hurler, de détruire, de s'énerver ainsi? Cela lui faisait de la peine. Mieko semblait toutefois différente: pas de coups fourrés ou d'insinuations qui, comme le poison, s'infiltraient dans les veines, mais des coups de gueule. C'était plus franc et même si ça paraissait bizarre, sans doute plus saint. Elou aimait bien la jeune femme.

"Je suis un pensionnaire, en effet, je serais ravi de te revoir..."

Le tutoiement était venu naturellement. Raphaël était très poli mais il avait l'habitude de tutoyer les gens, alors il le faisait facilement. Et puis elle l'avait bien fait, elle! Oui, bon, lui était un pensionnaire mais elle n'était tout de même pas la directrice... Bon, elle n'avait pas l'air de piquer une crise... tout allait bien. Tiens, elle s'en allait. Lui aussi, il faudrait qu'il songe à aller ranger ses affaires mais d'abord... passer chez le directeur. Oui, c'est ça. Pour prendre la clef de sa chambre. Il était curieux de savoir comment elle serait, tiens. Puisqu'il devait récupérer la clef, ce n'était pas un dortoir - de toute façon, ils n'auraient pas mis un dortoir pour des adolescents de cet âge - mais il se demandait si c'était une chambre individuelle ou s'il la partageait. Cette perspective ne lui déplaisait pas. Il était très sociable et avait l'habitude du groupe, ou d'être avec Annick, sans cesse.

"Au revoir!" dit-il à Mieko, avant qu'elle ne s'éloigne.

Gabriel, lui aussi, allait partir vers sa chambre. Il lui proposait de l'accompagner. Raphaël avait bien envie de le faire - le psy lui était très sympathique - mais son sac lourd et orange le ramena à ses obligations.

"Je vous aurais volontier accompagné - vous allez y arriver, avec toutes ces valises ?- , mais je dois aller faire un tour chez le directeur pour récupérer la clef de ma chambre..."

*Sans compter qu'il va falloir que je trouve ce fameux bureau...*

Les panneaux indicateurs étaient en bas de l'escalier, il ne les avait pas spécialement regardés, il n'avait pas le courage de redescendre avec son sac et ne pouvait pas laisser ses affaires - surtout son violon chéri ! - en plein milieu. Imaginez que quelqu'un marche dessus, s'il s'attardait un peu trop devant les panneaux, pour chercher son chemin!

"Bon et bien nous nous reverrons sans doute, si vous êtes psychologue (il prononça ces derniers mots avec un peu de tristesse, car ils le renvoyaient à ses propres problèmes) à bientôt Monsieur Neuwirth!"

Il l'avait vouvoyé, cette fois, sûrement parce qu'il était psychologue, ou parce qu'il lui imposait un certain respect, ou par innatention tout simplement. Il le regarda partir, avec ses valises, puis prit ses propres affaires et bientôt, disparut au fond du couloir. En espérant que c'était le bon.

[-> Bureau de Dyan Nostrada : Après quelques détours]