On amène un spécimen x3

[Gne peux ? :3]

Après pas mal de péripéties, Le médecin et le psychologue qui encadraient Romain trouvèrent le bureau du directeur. Ben oui, il fallait bien lui dre qu'ils allaient lâcher leur petit spécimen dans l'enclos qu'était Teikiatsu, signer la paperasse et tout ça...

Ils trouvèrent enfin une porte, marquée "bureau du directeur". Ils passèrent un temps fou à se chamailler à voix basse pour savoir lequel des deux allait frapper à la porte et exposer la situation... Pendant ce temps, Romain, derrière eux, indifférent à leur bazar, s'inspectait de haut en bas. Il avait mis un pull rose découvrant ses épaules, un pantalon blanc un peu grand pour lui, et de petits souliers rose pâle genre chaussons de danse classique. C'était la première fois depuis longtemps qu'il portait quelque chose de... euh.. correct. Il se demandait si cet effort suffirait pour, selon le médecin et le psy, à faire "bonne impression"...

Il s'amusa à se décoiffer puis à se recoiffer, chantonnant, se fichant totalement des deux zigotos devant lui qui se disputaient pour rien. Enfin, au bout d'un moment, alors qu'il rajustait ses mitaines, l'un des deux se décida à frapper à la porte.

Ils entrèrent tous les trois.

"Bonjour... dit vaguement le médecin. Nous avions fait parvenir un dossier, à propos de ce jeune... homme..."

Son hésitation arracha un gloussement au jeune homme en question, qui s'amusait encore avec ses cheveux.

"Nous avons décidé de le laisser ici, il faut donc confirmer l'inscription... ?"

Il parlait lentement, avec une teinte nerveuse, comme s'il avait honte de se trouver en présence de son patient et qu'il était pressé de le laisser. Déjà, Romain s'était mis à jouer avec la tapisserie, suivant les motifs du doigt.

Directeur / Admin Nombre de messages : 220 Date d'inscription : 15/12/2005

[You can ^_^]

Pas de chance pour eux, celui qui se trouvait être dans la bureau en jour même, c’était le directeur. Logique, me direz-vous. Eh bien non ! Pas à Teikiatsu. La logique voulait que ça soit le co-directeur, Edward, qui accueille les nouveaux venus. Pourquoi ? Eh bien…pour une foule de bonnes raisons. Peut être parce que Dyan, le directeur, était immature à souhait ? Peut être parce qu’il avait la facheuse tendance de sauter au cou des gens qu’il croisait ? Peut être aussi parce qu’il ne savait pas écrire, et très peu lire ?
Quoiqu’il en soit, le laisser accueillir les nouveaux pensionnaires étaient tout sauf une bonne idée. Et d’ordinnaire, il n’était jamais dans le bureau. Mais aujourd’hui, Edward semblait être aux abonnés absent, comme en témoignait le bazarre phénoménale trônant sur le bureau de bois.
Des montagnes et des montagnes de paperasse entassée là. On ne voyait plus un centimètre carré de bois là-dessous. Et d’habitude, c’était Ed qui passait des journées entières à ranger le foutoir laissé par son très cher ami le directeur.

Lorsque les 3 comparses pénétrèrent dans le bureau, Dyan était affalé sur son fauteuil en train de peindre au pinceau fin des boites d’allumettes en violet… Ben tiens, s’il yen avait ici même qui avait encore des doutes sur l’identité du psychotique qui avait décidé de tout peindre en violet –même les dalles du jardin- il n’y avait plus de doute possible, il était devant eux.
Il ne réagit même pas lorsque la porte de son bureau s’ouvrit, trop occupé à finir une de ses boites. Dyan avait la capacité de complètement se couper du monde quand et où il le voulait. De partir sur une autre planète, et ce même s’il y avait une foule de gens autour de lui.
C’est finalement la voix du médecin qui le tira de son petit monde, et qui par la même le fit dérapé. Il se retrouva ainsi avec l’index décoré d’une jolie rayure violette, mais cela ne sembla pas le gêner outre mesure.

Relevant les yeux vers les trois gaillards, un sourire rayonnant vint illuminer son visage, comme s’il venait d’apercevoir le père noël. Sans plus réfléchir à ses acts, il posa les boites fraichement peintes sur la montagne de dossier –les tachant de violet par la même occasion- pour se relever d’un bond, afin d’accueillir ses hôtes.

« Bonjooooour ! »

répondit-il d’une voix chantonnante en battant joyeusement des mains, comme un enfant à qui l’on vient d’apprendre qu’on va dans un parc d’attraction.
Son attention fut immédiatement attiré par le jeune homme –qui n’avait pas l’air d’un jeune homme mais soit-, ignorant presque le médecin et le psychologue qui l’accompagnaient.
Il rejoignit donc Romain par de grandes enjambées, pour venir se planter devant lui.
Sans lui laisser le choix, il lui attrapa la main pour la seccouer énergiquement, lui adressant un autre de ses sourires lumineux.

« Bienvenue à toi alors euh… C’est quoi ton prénom au juste ? »

lança-t-il de cette même voix entrainnante.
Se tournant ensuite vers ses deux accompagnateurs, il réserva le même sort à leurs mains, laissant sur chacune d’elle une petite touche violette, souvenir de sa peinture.
Ceci fait, il rejoignit rapidement son comfortable fauteuil, invitant les 3 jeunes gens à s’asseoir sur les sièges mis à disposition.
Mais sa bonne humeur sembla rapidement s’évanouir aux dires du médecin. Rhalalalah, Edward, jamais là quand il faut… Comment il allait se débrouiller lui, hein ?
Bah, première chose, gagner du temps, et au plus vite.

« Parvenir un dossier, euh oui…possible…à quel nom ? »

demanda-t-il en jetant un œil à la montagne de papiers entassés sur le bureau. Uhuhu, il allait bien s’amuser à chercher un dossier dans ce bazarre. Avec un peu de chance, Edward ferait un petit tour dans son bureau pour voir comment avancer sa recoloration de boite d’allumette, et il pourrait alors l’aider dans sa tâche.

« confirmer l’inscription…ah euh…oui.. »

bafouilla-t-il d’un ton confus. S’il avait bonne mémoire, il fallait remplir tout un tas de donné et apposer la signature des tuteurs, du jeune homme, et la sienne. Alerte rouge, il ne savait pas écrire.
C’est que, tout comme Romain, il avait, par le passé, été pris sous l’aile d‘un maquereau et avait donc goutté très jeune à la prostitution. Par voie de conséquence, il n’était pas allé à l’école, et n’avait appris ni à lire, ni à écrire. Ca bien sur, il ne l’avait dit à personne, pas même à Edward, pretextant simplement qu’il avait tout oublié lors de son internement.
Seulement voilà, il ne pouvait pas révéler à deux adultes responsables qu’il ne savait pas écrire. Il l’avait déjà dit à quelques pensionnaires, voilà tout.
Bon alors en attendant une possible aide, il fallait se débarrasser des deux gêneurs. De toute façon, ces eux là ne semblaient pas vraiment enchantés d’être là, ils se verraient surement soulagés de pouvoir lever le camp.

Leur adressant un autre de ses grands sourires enfantins, il leur annonça alors.

« Vous pouvez partir si vous le voulez, je vais régler tous les papiers avec ce jeune homme »

Ou comment virer poliment les gens de son bureau, by Dyan Nostrada….

Romain vit sa main se faire littéralement broyer par celle du directeur. Mais il ne broncha pas et sourit jusqu'au oreilles. Il regarda sa main : Tiens, une tâche violette qui n'était pas là tout à l'heure... Le jeune garçon jeta un regard interrogatif aux boîtes que le directeur avait peintes en violet. Laissant le médecin et le psychologue regarder le directeur comme s'il descendait directement de Mars, Romain alla s'asseaoir, et tendit la main vers une boîte dont la peinture avait séché. Il la regarda sous tous ses angles, un petit air curieux et innocent peint sur le visage.

"Original, dit-il. C'est joli le violet."

Il en avait oublié que le directeur lui avait demandé son nom... et la deuxième question concernant le dossier lui rappella qu'il devait répondre.

"Romain Adamure", répondit-il en reposant la boîte.

Il ne savait même pas qu'il avait un dossier... Il aurait bien aimé le lire. Il regarda alentours... Mais dis donc, c'était très violet ici...
Il regarda le psychologue, qui était apparemment le plus ébahi des deux adultes l'accompagnant. Il devait avoir bien envie d'envoyer le directeur sur le divan pour le soigner...

Romain s'assit en travers de son siège, les jambes croisées sur l'un des accourdoirs, le dos appuyé contre l'autre. La tête penchée en arrière, il regardait le décor du bureau, même s'il était à l'envers. C'était marrant.

"Oui, voilà, à ce nom-là, dit le médecin. Vous êtes sûrs que nous n'avons rien à signer ?"

Oh, il n'insistait pas pour rester ! Mais si la réponse était bien "j'en suis sûr", fiou, ils disparaissaient ! Il jeta un regard répprobateur à Romain.

"Assieds-toi correctement ! Incurable, ce gamin..."

Romain se redressa légèrement, et lui tira la langue en se dandinant sur place. Il ne l'aimait pas, ce docteur... et il le lui rendait bien ! C'était quand même pas sa faute s'il insistait pour l'aider... l'aider à quoi ? Romain n'avait pas besoin d'aide ! Enfin, il n'en avait plus besoin... C'était trop tard maintenant. Le jeune garçon s'assit correctement. Il avait hâte de les voir partir, ces deux-là...

Enfin, tiré par le psychologue, le médecin se leva.

"Bien, si jamais il y a besoin, rappellez-nous tout de même... Nous n'allons pas déranger plus longtemps."

Sans un au revoir, se contentant d'un signe de tête à peine visible, les deux hommes sortirent. Sitôt qu'ils eurent quitté la pièce, Romain reprit sa position en travers du siège. Il regarda le directeur avec de grands yeux interrogatifs et curieux, semblables à ceux des animaux faisant une petite bouille d'ange attendirssante pour obtenir à manger.

"Pas très polis, hein ?" minauda-t-il en repoussant une mèche de cheveux.

Directeur / Admin Nombre de messages : 220 Date d'inscription : 15/12/2005

Mm mauvaise tactique. Ne jamais lancer notre Dyan nationnal sur ce sujet là : le violet.
Ses yeux –violets d’ailleurs- s’éclairèrent d’une petite lueur, tandis qu’un nouveau grand sourire venait fendre son visage.

« Ah oui ? Tu aimes bien le violet ? Ca tombe bien moi aussi. J’ai demandé à Edward de répeindre tout le bâtiment en violet, et les dalles du jardin. J’ai voulu repeindre les fleurs mais il m’a dit que c’était impossible »

expliqua-t-il avec le plus grand sérieux du monde. Vers la fin de sa phrase, son visage prit une petite moue déçue. Dommage que les fleurs ne supportent pas la peinture, elles seraient bien plus jolies en violet.

« On envisageait de repeindre les galets de la plage aussi, mais il y en a beaucoup, et Edward a déjà mal à l’épaule »

Edward par-ci, Edward par-là. Dyan ne cessait de parler de son ami sans réellement se rappeler que personne ici ne devait savoir qui il était. Le problème avec le directeur, c’est qu’il réflechissait rarement à ce qu’il disait. C’était sans doute pour cela qu’il paraissait si enfantin, malgré sa vingtaine d’années. A se demander qui du directeur et des pensionnaires était le plus atteint…

Ne prêtant nulle attention au psychologue qui semblait se poser de sérieuses questions à son sujet –il y avait de quoi d’ailleurs-, il préféra concentrer toute son attention sur son nouveau pensionnaire. Mais avant de régler la partie administrative, il voulait se débarrasser de ces especes de boulets d’accompagnateurs.
Derrière l’énorme sourire qu’il leur adressait, se cacher la hâte qu’ils ne quittent son bureau.
Et le psy semblait du même avis que lui. A vue d’œil, cet endroit transpirait la folie douce. Rien d’étonnant avec un directeur pareil !
S’ils n’avaient rien à signer ? Non, il n’en était pas sur. Il était même sur du contraire, mais bon, tant pis, au pire, il imiterait leurs signatures. Ca n’était pas bien dur, toutes els signatures se ressemblaient : une gribouilli illisible sans intérêt.

« Oui oui j’en suis sur »

mentit-il donc avec un autre sourire qu’il voulait convaincant. A l’ordre prononcé par le médecin, le regard du directeur glissa doucement jusqu’à Romain.

« Mais non mais non, il faut bien que ces chaises servent à quelque chose ! »

répliqua-t-il d’un ton enjoué. De toute façon, dans le genre position inapropriée, il faisait parfois pire. Mais avant qu’il n’ajoute quoique ce soit, le jeune homme s’était rassis correctement.
De son côté, Dyan ne se gênait nullement pour s’avachir un peu plus sur son fauteuil.
Une petite lueur de victoire traversa ses yeux en entendant le medecin annoncer qu’ils allaient partir.
Se redressant avec un peu plus d’enthousiasme qu’il ne l’aurait voulu, Dyan hocha vigoureusement la tête, avant d’agiter joyeusement la main les invitant à sortir. De par ce geste, il heurta malencontreusement une pile de dossier, qui bascula et vint s’éparpiller au sol.

« Oups »

gloussa-t-il en regardant les feuilles se répandre sur la moquette violette. Aucune autre réaction de sa part. Ce directeur semblait vraiment fêlé.
Sans daigner se lever de sa chaise, il se contenta d’attraper une petite boite d’allumette, pour y appliquer une dernière petite touche de violet. Puis, tout content de son travail, il la déposa par-dessus une pile d’autre boitte déjà redécoré par ses bons soins. Voilà, maintenant il pouvait s’occuper de son nouveau petit protégé.
Relevant son regard améthyste sur lui, un autre sourire ne manqua pas de naitre sur ses lèvres.

« Oh mon psychologue était encore pire qu’eux »

répondit-il simplement en riant. Combien de fois lui avait-on deja dit de ne pas mentionner le fait qu’il avait eu un psychologue ? Des milliers de fois. Tout comme on lui avait répété et répété qu’il ne devait sous aucun prétexte dire qu’il avait lui aussi été interné, sous peine de mettre en péril le pensionnat. Pensez-vous, la moitié des pensionnaires étaient déjà au courrant des troubles du directeur. Il était bien trop inconscient pour faire attention à toutes les paroles qui s’échappaient de sa bouche.

« Bon… »

marmonna-t-il d’un air plus ennuyé.

« Maintenant il faut que je trouve ton dossier…et Edward aussi… »

joignant le geste à la parole, il commença à soulever au hasard plusieurs dossiers, sans utiliser de méthode particulière, au hasard la chance. S’il tombait sur le dossier de Romain, c’était un exploit.

« Non parce qu’il ya plein de paperasse à remplir, et moi je ne sais pas écrire…enfin pas très bien »

expliqua-t-il avec un petit haussement d’épaule, comme si c‘était chose tout à fait naturelle de ne pas savoir écrire lorsque l’on dirige un tel établissement.

Romain se mit à rire en entendant le directeur parler de repeindre absolument tout en violet... Oh non, il ne se moquait pas de lui, mais c'était vraiment original comme idée !

"C'est joli... mais faut pas non plus en abuser... le rose aussi c'est joli, vous savez ! Et a va bien avec le violet."

Il regarda, silencieux, le directeur faire tout son petit bazar. Il souriait gentiment. Il avait tout de même de drôles d'idées, ce directeur... Il était un peu comme lui quoi... Il l'écoutait parler, parler... Pfiou, et il en avait de la tchatche !

Il le regarda mettre très gentiment les deux autres à la porte, et les dossiers filer par terre.

"Nyaaah... miaula-t-il doucement en secouant la tête. Pour retrouver le dossier, ça va être coton, monsieur..."

Mais, serviable, il se leva de sa chaise, jetant un dernier coup d'oeil au directeur.

"Ah bon ?" interrogea-t-il vaguement à l'allusion au psychologue du directeur.

Il se mit à quatre pattes et, voyant que le directeur ne bougeait pas pour ramasser les feuilles, s'en chargea lui-même. C'était facile pour les trier, il avait compris le code... A chaque couleur, un problème spécifique relatif à la personne envoyée ici. Après, il y avait le nom de la personne marquée dans le coin en haut à droite, alors il suffisait de les regrouper, ce qu'il fit sans trop de mal.

"Mais c'est qui... Edward ?"

Il leva ses grands yeux azurés vers le directeur. C'est vrai ça, Edward, Edward.. Il en parlait mais Romain ne voyait pas qui cela pouvait être.

Il prit avec lui deux dossiers et les posa sur le bureu, et retourna chercher les trois autres. Il espérait ne pas avoir fait de bêtise, mais il pensait avoir bien compris. Et au moins les feuilles n'étaient plus par terre. Il n'alla pas se rasseoir, restant à côté de l'homme, le regardant fouiller sans trop de méthode dans les dossiers. Ah bon, il ne savait pas bien écrire ? Romain leva un sourcil.

"Ben comment vous faites avec la paperasse ?..."

Il continua de le regarder faire, l'air rêveur. Romain restait très calme... Il n'avait pas l'air d'être méchant, le directeur. En tout cas, le jeune garçon s'était attendu à quelque chose de bien plus stricte. Il se pencha et lui sourit gentiment.

"Il est là, le dossier," dit-il en prenant un dossier au hasard dans la pile d'à côté, un dossier marqué d'une étiquette rose et de son nom.

Directeur / Admin Nombre de messages : 220 Date d'inscription : 15/12/2005

Dyan fit des yeux ronds à l’évocation du rose.

« Le rose ? »

répéta-t-il incrédule, comme s’il venait de découvrir, maintenant et ici-même l’existence de cette couleur. La vérité, c’était qu’à force d’idolatrer le violet, il en oubliait qu’il pouvait y avoir d’autres couleurs.
En haussant les épaules tout en faisant une petite moue adorable de grand enfant, il répondit finalement.

« Mui…mais je préfère le violet »

Allez-y pour le faire changer d’avis celui là. C’était chose quasi impossible. Comme les enfants capricieux, lorsqu’il avait quelque chose en tête, il ne lâchait que trop rarement l’affaire. Et puis, il avait l’argument « qui tue d’la mort »

« De toute façon, je ne peux pas demander à Edward de tout repeindre en rose »

Toujours assis dans son fauteuil, le directeur gardait les yeux fixés sur le monticulle de petites boites violettes, tout en tripotant rêveusement ses longs cheveux noirs. Il allait nouveau partir sur sa petite planète, mais la voix de Romain le ramena de justesse à la réalité.
Le voyant se pencher pour ranger, il lui fit un petit signe de la main.

« Oh ne te donne pas cette peine »

Après un petit temps de silence et de reflexion, son visage s’illumina, comme s’il venait de réaliser quelque chose d’extrêmement important, qui allait révolutionner le monde.
Se redressant soudainement sur son siège, braquant son regard animé de folie douce sur le jeune homme, il prit un air sérieux qui ne lui allait absolument pas, tandis que sa bouche se tordait en une moue contrariée.

« Ne m’appelle pas Monsieur, appelle moi Dyan, et tutoie moi plutôt, j’ai l’impression d’être vieux muwa… »

Les notions de respects, savoir vivre et tout le tralalala, il ne connaissait pas. Il était toujours très, parfois trop, familier avec les gens qu’il ne connaissait pas, et par-dessus tout, il détestait qu’on le vouvoie. Car s’il avait maintenant passé la vingtaine, dans sa tête, il ne devait pas dépasser les 12 ans…
Repartant dans ses rêveries une fois de plus, il ne vit pas Romain se baisser pour ramasser son propre bordel, sinon il l’aurait obligé à se relever et s’asseoir. Mais là, il était trop occupé à se demander quelle tête aurait Teikiatsu en rose pour le lui dire.
Il ne réagit même pas à la question de son vis-à-vis, les yeux divaguant dans le vide, la tête lourdement appuyée sur la paume de sa main.

« Hein euh…Edward ? »

Voilà la deuxième personne qui lui demandait qui était Edward…étrange. Il ne se rendait même pas compte qu’il parlait sans cesse de son ami. Ca lui venait tout seul. Il faut dire qu’Ed était très rpésent dans sa vie, il s’occupait de lui comme une mère-poule, alors forcément, difficile de parler de lui ou du pensionnat sans l’évoquer.

« Eh bien c’est un ami à moi, qui s’occupait de moi quand j’étais interné. Et c’est le deuxième directeur de Teikiatsu »

Et voilà qu’il repartait en mode « 3615 my life », évoquant encore une fois son internement de manière tout à fait naturelle, comme si c’était chose normale pour quelqu’un de passer par l’asyle.

« Et c’est lui qui s’occupe de tous les dossiers aussi, vu que je ne sais pas lire non plus »

ajouta-t-il, dévoilant un peu plus de sa vie à chaque instant. En tout cas, Romain avait maintenant la réponse à sa questions. C’était Edward qui gérait tout ici. Et si l’idée venait de Dyan, et qu’il était le gérant officiel, derrière, on pouvait dire que le véritable dirigeant était bel et bien le co-directeur. Dyan perturbait plus son travail qu’autre chose pour tout dire…

« Mais cet après-midi, il est allé arroser les fleurs dehors »

acheva-t-il avec une petite moue déceptive. Alors qu’il commençait tout juste à reprendre son calme, Romain annonça qu’il avait retrouvé le dossier. Cette déclaration ne manqua pas de faire effet, et Dyan bondit à nouveau joyeusement de son fauteuil, aplaudissant à s’en rompre les mains, comme si le jeune homme venait de faire un exploit –et c’était un peu le cas.

« Vrai ? Ooooh bravo Romain ! Reste plus qu’à attendre Edward comme je ne sais pas écrire »

répondit-il avec un petit rire. Il se dirigea à aps sautillant vers sa fenêtre, et jetant un œil au jardin, il chercha des yeux une silhouette pouvant s’apparenter à celle du co-directeur. Mais rien, que le vert vif et joyeux de l’herbe et de la végétation, et le violet des dalles.
Se retournant vers son petit protégé, il sembla réfléchir un instant, avant qu’une idée ne lui traverse l’esprit.

« Ou alors, peut être que tu pourrais remplir les champs vides toi-même, non ? »

L’idée que confier un dossier à un pensionnaire, lui laissant ainsi la liberté d’y écrire tout et n’importe quoi, ne se faisait pas ne lui vint même pas à l’esprit. Sa trop grande naïveté lui faisait accorder sa confiance à n’importe qui…

Romain regarda le direct en penchant la tête. Il était vraiment, vraiment très décalé... Il n'avait jamasi connu les adultes comme ça lui... Chez lui, les adultes étaient des gens sérieux, graves.

"Si vous le dites..."

Il réfléchit à son... argument. Oui en effet... pauvre Edward, il avait été chargé de tout peindre en violet... IL n'allait en plus tout repasser en rose. Romain haussa les épaules, de toute façon, le violet ne le gênait pas, mais il lui faudrait du temps pour s'habituer à un décor totalement violet... ça promettait !

Il regarda le directeur un moment, l'air surpris. Alors là, non, il devait se l'avouer... Il devait ne pas être adulte ! Là ça devenait de plus en plus étonnant : tutoyer un directeur et l'appeller par son prénom ! Le jeune garçon fit un petit sourire.

"Si ça peut vo... te faire plaisir, Dyan"

Il rougit, et passa une main sur son front, les yeux ouverts par la surprise. Eh bien, s'il s'était attendu à ça ! C'était fait pour détendre l'atmosphère, mais lui, ça le gênait un peu. Ca faisait vachement bizarre.

Il s'épousseta les genoux, Ecoutant un peu distraitement l'adulte. Puis il tira un peu sur son pull, découvrant encore plus ses épaules blanches. Il essaya un peu de s'maginer Edward. Pas physiquement, mais mentalement. Il s'occupait du directeur ? Romain commençait de plus en plus à entrer dans la confusion... Il se retint de le dire au directeur, mais il pensait que c'était une bonne chose pour lui d'avoir une présence plus sérieuse, adulte et protectrice. Le jeune garçon sourit. Pauvre Edward, il devait vraiment s'occuper de tout ici...

Il sursauta brusquement quand Dyan se releva en l'applaudissant. Complètement surpris, il perdit l'équilibre et atterrit durement sur les fesses. Il le regarda aller à la fenêtre, puis revenir. Il lui proposa de remplir les lignes, mais... ehhh !

"Je n'en sais rien ! Je peux remplir ce qui me concerne, pas ce qui concerne cet endroit !"

Il se releva en grimaçant légèrement, s'assit puis pris le dossier sur ses genoux, l'ouvrit. Il regarda, l'air de ne pas trop comprendre, ce qui était marqué... Pff, y avait trop de lecture... et il ne comprenait pas la plupart des termes employés. Il releva la tête vers Dyan, un sourire crispé dessiné sur les lèvres.

"Vous avez un stylo ?"

Directeur / Admin Nombre de messages : 220 Date d'inscription : 15/12/2005

Ce qui était formidable avec notre Dyan nationnal, c’est qu’il parvenait à mettre mal à l’aise vraiment n’importe qui. Quoi de plus étonnant ? Il était sensé être un adulte, responsable, sérieux, à la tête d’un établissement tout de même assez important, et voilà qu’on se retrouvait face à quelqu’un qui semblait psychologiquement bloqué à ses 12 ans. Depuis « l’accident » en fait. A croire qu’en lui zappant son enfance, son « père » n’avait su faire de lui qu’un éternel enfant. Et pour tout dire, malgré toute sa bonne volonté, sa gentillesse, sa bonne humeur, Dyan faisait surtout…peur.
Peut être que s’il arrêtait de clamer haut et fort qu’il avait était interné, les gens se sentiraient plus rassurés en sa présence. Seulement voilà, il était intimement persuadé de ne pas être fou, et ne voyait donc aucun mal à dévoiler son passé –du moins, cette partie de son passé.
Voilà déjà le deuxième pensionnaire qu’il accueillait à Teikiatsu et qu’il parvenait –involontairement- à tromatiser.
La seule personne qui n’avait jamais montré une once de gêne ou de peur avec le jeune homme, c’était Edward. Mais c’était un peu différent. Déjà parce qu’il le connaissait depuis de longues années, qu’il l’avait vu grandir, et qu’il s’était finalement habitué au fait que, sous cette carapace d’adulte, se cachait une âme d’enfant. Et en effet, si Dyan avait bel et bien était un bambin, son comportement n’aurait rien de décalé ni même d’effrayant. C’était son age qui faisait toute la différence. Le problème, c’est que cette différence était de taille.

Se tournant vers Romain, il apperçut le rouge teinter ses joues, et la surprise envahir son visage. C’est vrai qu’un adulte, qui plus est un directeur, ne devait pas tous les jours lui demander de la tutoyer et de l’appeler par son prénom. Mais Dyan trouvait ça déplacé de le vouvoyer. Personne ne l’avait jamais vouvoyé, on l’avait toujours traité comme un petit gamin. Est-ce qu’on vouvoie les gamins ? Non bien sur…

« Bah c’est mieux, non ? On ne m’a jamais vouvoyé, ça me fait un peu bizarre… j’ai l’impression d’avoir trop grandi… »

Ces paroles témoignaient parfaitement du gros problème chez le directeur : il n’avait absolument pas conscience d’être un adulte. Et tout chez lui respirait l’enfance. Son côté bordelique, sa façon d’agir, de parler, la décoration de son bureau, ses mimiques.
Ca avait un côté adorable, paradoxalement, c’était assez inquiétant. Mais tant qu’Edward était là pour le tempérer, tout se passait bien. C’est lorsque celui-ci s’absentait que son humeur dégénérait. Car ormis ce côté grand enfant, l’autre problème était que Dyan était borderline. Et comme il s’arrangeait toujours pour ne pas prendre ses médicaments, son humeur jouait au montagne russe à longueur de journée. C’est pourquoi il avait parfois des reactions excessives.
En parlant de reaction excessives, applaudir Romain n’était visiblement pas une bonne idée, puisque celui, perdant l’équilibre, se retrouva rapidement sur les fesses.

Ce fut au tour de Dyan d’avoir les yeux qui s’arrondirent comme des soucoupes.
Rejoignant à grands pas le jeune homme maintenant par terre, il lui tendit sa main pour l’aider à se relever, un air inquiet s’affichant sur son visage.

« Ca va, tu ne t’es pas fait mal au moins ? »

s’enquit-il d’un air ennuyé.
Réfléchissant à ce que venait de dire le jeune homme, un grand sourire vint prendre possession de ses fines lèvres, chassant son air inquiet à coups de pied au derrière.

« Oh ne t’en fais pas, pour ce qui concerne Teikiatsu, c’est déjà préalablement rempli. Il ne reste que quelques informations et signatures »

expliqua-t-il d’une voix douce. Attendant que Romain ne s’aide sa main pour se relever, il le laissa alors remplir le dossier, avant de s’éloigner à l’autre bout du bureau pour y prendre une clé de chambre. Restant longuement immobile à dévisager les numéros, il se demanda quel numéro il allait lui donner. L’idée qu’il faille compléter les chambres 1 et 9 ne lui vint pas à l’esprit. La logique n’était pas ce qui le caractérisait le mieux.
Finalement, il attrapa la numéro 3, qui lui plaisait bien, et rejoignit le jeune homme près du bureau, déposant la clef sur ses genoux.

« Tiens, c’est les clefs de la chambre numero 3 »

précisa-t-il d’un ton joyeux.

"Non, non, pas de mal !" répondit-il en souriant.

Il vit brièvement que le directeur avait l'air un peu ge^né, ou perdu dans des souvenirs peut-être pas très joyeux. Il ne voulait pas que ce soit de sa faute... Mais il ne pouvait pas s'empêcher de réagir à ses drôles de manies enfantines. Il n'avait pas l'habitude, pourtant, il aimait bien les gens comme ça, ils lui ressemblaient !

Il se releva donc et alla s'occuper du dossier. Il regarda les papiers, dubitatif. Ben... si c'était déjà rempli pour Teikiatsu... Il prit un stylo, le plus proche de lui sur le bureau, et remplit. Nom, prénom... Euh... date de naissance... Ah oui, il s'en souvenait, après avoir fouillé sa mémoire un bon nombre de fois... C'était tellement dificile de s'en souvenir quand on ne fêtait plus son anniversaire depuis des années et des années ! Mais par chance, ça lui était resté ancré dans sa mémoire. Lieu de naissance... Ah non, là, impossible de savoir... Il marqua bêtement "clinique". Poids ? La dernière fois qu'il s'était pesé, ça remontait à ses 9 ans... depusi il avait quand mêem dû grossir... Au hasard, il se donna 68 kilos. Eh oui, il n'était pas bien gros alors autant ne pas éxagérer. Taille... 1m75, ça il le savait ! Mais après...

Pathologie ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il ne mit rien, parce que là impossible de savoir. Il se mordit la lèvre inférieure,e t remplit vaguement quelques autres champs qui parlaient de ce qu'il connaissait bien de lui. Puis il fallait signer, ce qu'il fit sans trop savoir quoi mettre, n'ayant jamais signé de documents officiels comme celui-là, si c'en était un.

Il releva la tête, et vit devant lui une clé de chambre. Le chiffre 3 était marqué dessus. Il leva le nez vers Dyan, papillonnant des yeux.

"Merci !" dit-il en lui souriant.

Il prit la clé, et posa le dossier sur le bureau.

"Y a des choses que j'ai pas compris alors j'ai pas rempli... Mais si c'est Edward qui s'occupe des dossiers et qu'il n'est pas là, vuos lui direz de me faire revenir si c'est obligé de remplir les trucs où j'ai rien marqué."

Il se leva en souriant toujours, et regarda Dyan avec un petit regard innocent. Il arrangea timidement ses cheveux, après les avoir un peu secoués, il adorait quand ils venaient lui caresser les épaules !

"Autre chose ?"

Directeur / Admin Nombre de messages : 220 Date d'inscription : 15/12/2005

Pendant que Romain terminait de remplir toute la paperasse, Dyan, de son côté, envisageait ses futurs projets pour l’après midi. Maintenant que même les boites d’allumettes y étaient passées…qu’allait-il donc pouvoir peindre en violet ? Il ne devait pas rester grand-chose.
Au pire, il pourrait embarquer Lily –sa plante verte- avec lui et aller voir Edward dehors.
Ou bien ranger son bureau… non…non, ça, ça ne l’amusait pas.

Concentrant à nouveau son attention sur Romain qui tentait toujours de se demmêler avec les champs du formulaire à remplir, il prit pour la première fois le temps de détailler le jeune homme. Et la première chose qui en sortit, fut qu’il n’avait justement pas l’air d’un jeune homme. Mais ça ne le gênait pas outre mesure. N’était-ce pas Edward qui se balladait avec des jupes partout dans le pensionnat après tout ?
Et puis, Dyan n’était pas le genre de personne à juger les gens, surtout pas sur un premier abord. Il ne savait que trop ce qu’était le regard critique des autres. Et puis, surtout, il avait tendance à ne retenir que les côtés positifs chez les gens.
Tandis qu’il repartait once again dans ses songes, le « merci » du jeune homme le ramena dans le bureau. Décidémment, il fallait qu’il arrête de partir ainsi sur sa petite planète en plein milieux de certaines conversations.

Prenant le dossier que Romain venait juste de remplir, il le déposa tout au dessus de la pile de dossier pour ne surtout pas le perdre de vue –du moins, jusqu’à ce qu’une autre montagne de paperasse ne vienne à son tour le surmontait. Bientôt, en somme, lorsque l’on connaissait le côté très bordélique de Dyan.
Le jeune directeur écouta d’une oreille distraite les dires de son vis-à-vis, avant de secouer énergiquement la tête de gauche à droite.

« Non non non, ça ira. On ne va pas te faire revenir, la paperasse c’est ennuyeux comme tout ! En plus Edward n’aime pas ça »

commenta-t-il avec une petite grimace. La faute à qui si Edward n’aimait pas ça ? LA sienne bien entendu, s’il avait un peu d’aide venant de sa part, sans doute serait-il moins débordé. Mais bien loin de l’aider à la tâche, Dyan avait tendance à l’encombrer encore plus –involontairement bien sur…
Se souvenant alors d’une conversation qu’il avait eu une fois avec son ami, il ajouta avec un petit sourire, sourire qui annonçait qu’il allait encore se perdre dans ses explications inutiles.

« Un jour Edward m’a dit que les fleurs n’avaient pas besoin de dossier et tout ça, alors je suis sure qu’il s’en fiche si le dossier n’est pas très complet »

Encore une remarque très intelligente de notre cheeeer directeur. A force de parler ainsi d’Edward, Romain allait finir par croire qu’il n’y avait que des cinglés à la tête de cet établissement…
Mais le pensionnaire ne lui laissa pas plus le temps de s’éterniser sur le sujet des dossiers et des plantes, lui demandant s’il y avait autre chose à régler avant qu’il ne puisse enfin fuir ce bureau de fou… Le visage de Dydy se fit pensif, mais rien ne lui venait à l’esprit. Bof, si’l y avait quelque chose d’important, il pourrait toujours retrouver Romain, vu qu’il passait son temps à flâner dans le pensionnat lorsqu’il ne repeignait pas divers objets en violet.

« Non je crois que c’est tout, tu peux faire ce que tu veux maintenant »

déclara-t-il, lui adressant un dernier grand sourire amical, avant de reprendre sa place derrière son bureau. Oubliant presque aussitôt la présence de Romain, il appuya sa tête contre sa main, et repartit dans ses lointaines rêveries…

Romain hocha la tête.

Enfin fini... Mais l'appréhension restait. Le médecin n'avait cessé de qualifier cet endroit d'asile, pour les fous plus que fous. Il disait qu'on y donnait tant de libertés que l'état des patients empirait. Romain, dubitatif, se demandait alors pourquoi il l'y avait envoyé. Preuve que le médecin ne tenait pas tellement à lui, à sa santé.

Ce que le garçon se demandait principalement, c'était sur qui il allait tomber. Surtout dans la chambre. Cette pensée lui arracha un discret rictus... Hihi... Si ce à quoi il pensait se réalisait, ça promettait d'être sympa ici... Mais pour l'instant, il resterait sage, il avait promis. Si personne ne venait le titiller, il le resterait...

En souriant poliment à Dyan, il lui souhaitant au revoir et sortit de la pièce en chantonnant.

¤¤ Premier post ¤¤

Un jeune psychologue, âgé d'une trentaine d'année, accompagnait un garçon à l'air plutôt sombre mais serein dans les couloirs de sa nouvelle 'prison'. Leur marche était silencieuse, car le médecin avait compris qu'aucune conversation ne pourrait aboutir avec Alexis, qui s'obstinait à garder ses lèvres fermées. Il ne voyait pas l'utilité d'engager un échange entre lui-même et cet incompétant. Comment avait-il pû passer à côté d'une maladie aussi grave...? C'en était inquiétant pour ses autres patients, et l'américain lui en voulait terriblement. Peut-être aurait-il pû être soigné plus tôt, peut-être n'aurait-il pas eu besoin d'intégrer un asile pour timbrés!

Le pire était sans doute de savoir que l'on était malade, Alexis aurait préféré l'ignorer. Mais il n'était visiblement pas le seul dans ce cas, et la preuve était cet établissement. Lex redoutait réellement ce qu'il allait y trouver, si les individus qui le remplissaient ne seraient pas trop atteints par des maladies démentes... Il ne se sentait plus en sécurité ici, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Mais en vérité cela comportait toute une logique, car qui aurait l'esprit tranquille entouré de fous? Même une autre personne possédant une pathologie serait anxieuse, et le jeune homme en était l'exemple type.

-On arrive gamin, soit poli et n'ouvre pas la bouche si cela est inutile.

Lex eut un ricanement silencieux en entendant la dernière partie de sa remarque, car ce n'était généralement pas lui qui prononçait des paroles futiles. Bref, la porte du bureau s'ouvrit sans que le jeune homme ne puisse en apercevoir l'écriteau. Le directeur certainement, déduction assez simple. Son médecin pénétra bien évidemment le premier, et adressa une formule de politesse assez ridicule à l'homme qui se tenait derrière un grande bureau. Le ton dominant sauta alors aux yeux d'Alexis, et il eut l'impression de se faire visuellement agresser par la couleur violette. Il n'aimait pas particulièrement ce colori, mais c'était un choix personnel, aussi respectait-il cette attirance étrange.

Il prit place sur l'un des trois fauteuils qui faisait face au directeur, puis croisa ses bras sur sa poitrine en attendant la suite des évènements. Son regard vert étudia l'homme face à lui avec une insistance cruelle mais habituelle, avant de se porter sur la décoration de la pièce. Les sabres étaient magnifiques, et les tableaux lui plaisaient également, pour l'instant donc, tout se passait pour le mieux. Mais attention, son psy s'apprêtait à prendre la parole. L'américain lui jeta un regard méprisant alors qu'il n'avait pas encore ouvert la bouche, sachant que ces mots allaient être stupides.

-Je suis le médecin de ce jeune homme, celui qui a découvert son atroce maladie...

-Après deux ans d'analyse, et la suggestion d'un policier qui avait à peine 24 ans... s'empressa de préciser le jeune homme pour éviter qu'il n'endosse le beau rôle.

-Lex, qu'est-ce que je t'ai dit avant d'entrer? le psychologue remit nerveusement ses lunettes sur son nez avant de foudroyer son patient du regard, puis il reprit en tentant de conserver son calme. Veuillez l'excusez, il se montre parfois un peu agressif. Pourtant il n'y a pas de sang dans la pièce semble-t-il... Peut-être cette couleur violette? Alexis émit un claquement de langue agacé en levant les yeux au ciel. Mis à part cela, puis-je être d'une quelconque utilité?

Le garçon aurait volontier répondu à la place du directeur, mais il n'en fit rien car la moindre des politesses était de respecter cet homme. Pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait, et il se demandait sincèrement comment ce mec avait obtenu son diplôme. La couleur violette ne pouvait en aucun cas provoquer une crise chez Alexis, et encore moins à son stade de la maladie. Mais enfin, ce n'était qu'un détail irritant parmi tant d'autres.

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Des que Romain avait quitté son bureau, Dyan, oubliant sa bonne résolution d’aller prendre l’air pour rejoindre Edward dehors, s’était cherché une autre activité pour occuper son après-midi. Cherchant des yeux un élément non-violet dans son bureau, autre que les sabres et les plantes, il avait finalement jeté son dévolu sur les stylos bics disposés ça et là sur son lieu de travail.
Lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir à nouveau, il eut le bref espoir que ça soit Romain qui revienne demander quelque chose. C’est que voyez-vous, accueillir une personne était déjà une épreuve particulièrement éprouvante pour ce directeur un brin…hum…bizarre. Alors deux personnes ! Pensez-vous, c’était insumontable.
Lorsqu’il apperçut un jeune homme entré, accompagné d’un adulte, sa mine joyeuse disparut pour laisser place à une profonde détresse. Comme si c’était lui le patient que l’on amenait dans un asile. Bon sang, on s’acharnait sur lui. Fallait-il que le seul jour où il s’installe dans son bureau, il y ait arrivant sur arrivant ?
Il essaya de cacher son embêtement derrière un sourire poli, mais cacher ses émotions n’étaient décidément pas le fort de Dyan, et sa gêne était aussi visible sur son visage que s’il avait tracé au marqueur noir « HELP » sur son front. Les laissant prendre place, il se demanda intérieurement comment il allait se débarrasser du psy cette fois-ci.
Il commença par déposer le stylo qu’il était en train de peindre à côté des qu’il avait déjà recoloré, avant d’essayer de pousser quelques piles de paperasse, histoire de pouvoir au moins apercevoir ses deux interlocuteurs entre deux piles de dossier.

« Excusez moi pour le désordre »

marmonna-t-il, accompagnant sa phrase d’un petit rire léger, les traits de son visage se détendant lentement pour lui redonner cet air enfantin qu’on lui connaissait bien.
Non, Dyan Nostrada n’avait en rien l’air d’un directeur responsable. Et s’il n’y avait que l’air… Le problème était bien là, derrière ce visage de gamin, se cachait quelqu’un de réellement irresponsable et immature. Si Alexis appréhendait déjà sa venue ici, le fait d’être accueilli par Dyan lui-même n’allait pas arranger les choses.
Si se retrouver en face d’un dirigeant sévère et tyranique pouvait effrayer, se savoir sous la responsabilité de Dyan pouvait parfois l’être encore plus…

Penchant la tête sur le côté, le jeune homme assis derrière le bureau observa tour à tour Alexis puis son psychologue, écoutant attentivement ce que l’homme avait à dire.
Mais son nez se fronça aux paroles de l’homme, signe manifeste de sa désapprobation et de son mécontentement.

« Atroce … atroce… il ne faut pas exagérer »

répliqua-t-il doucement, tandis que son visage laissait apparaître une petite moue. Bon sang, ce qu’il pouvait détester cette façon de toujours tout dramatiser. Lui aussi avait été traité de « cas incurable », de « gravement malade » et tout le tralalalah. Et pourtant, aujourd’hui, il était –à peu près- équilibré. Certes, il avait un côté extravagant et des idées farfelues, mais ça n’était rien de grave. Disons simplement qu’il faisait son enfance un peu en retard, à défaut de l’avoir fait à l’age normal…

S’accoudant de façon nonchalante à son bureau, il écouta donc le psychologue débiter tout un tas d’imbécillité. Agressif ? Où avait-il vu de l’agressivité celui-là ?
Néanmoins, le but de Dyan étant de se débarrasser de lui au plus vite, il préféra n’engager aucun débat, se contentant de sourire à l’homme de la façon la plus polie possible. Comme le Dyan est une espèce qui a un mal fou à cacher ce qu’il pense, le sourire sonnait affreusement faux, et il n’était pas dur de comprendre au regard qu’il lui lançait qu’il rêvait simplement de lui rétorquer un « cause toujours tu m’intéresses ». Il ne put d’ailleurs pas se retenir de lever les yeux au ciel devant un tel ramassis d’imbécillité.
Le directeur était prêt à lui indiquer la sortie, mais le commentaire sur le violet vint briser toutes ses bonnes résolutions. Ca, c’était la phrase de trop. Ne jamais critiquer le violet devant Dyan…
Fronçant les sourcils, un air contrarié s’installant sur son visage, il braqua son regard –violet d’ailleurs- sur le psychologue.

« Si le violet stimulait l’agressivité chez les gens croyez bien qu’il n’aurait pas sa place ici, monsieur »

Sa voix s’était faite un brin plus agressive qu’elle n’aurait du l’être, mais notre directeur rpéféré avait du mal à se retenir lorsque sa couleur favorite entrait en jeu.
L’instant d’après, toute colère avait disparu de son visage, aussi vite qu’elle n’était apparue, comme si rien ne s’était passé, et c’est un grand sourire qui vint remplacer la moue mécontente.

« Non vous pouvez disposer, je crois que nous n’avons plus besoin de vous. Je règlerai tout directement avec … »

Il s‘interrompit dans sa phrase, posant son regard interrogatif sur Alexis, dont il ignorait toujours le nom. Il détourna bien vite le regard vers le psychologue, l’invitant d’un autre sourire rayonnant à débarrasser le plancher.

Alexis se demandait également comment le directeur allait réagir face aux inepsies de son médecin, mais jamais il n'aurait songé à une telle situation. En fait, il l'imaginait plutôt comme un adulte aussi barbant et borné que son psy, que ses parents, que toutes les personnes plus âgées que lui... Miraculeusement pourtant, celui-ci ne semblait pas le moins du monde attacher une importance divine aux dires du jeune psychologue. Au contraire même, il le contredit à deux reprises, en accompagnant le tout d'un 'levé des yeux au ciel'. Bien, peut-être que son séjour ne serait pas aussi terrible qu'il l'avait d'abord pensé... Certes cet homme paraissait dénué de toute responsabilités, désordonné et un peu farfelu, néanmoins il était sympathique à Alexis. C'était un phénomène rare, et un privilège non négligeable.

Mais l'américain avait l'impression qu'il allait enfin être compris par quelqu'un qui s'y connaissait vraiment. Il était également possible qu'il se trompe totalement, ce à quoi il ne souhaitait pas songer pour le moment. Il prétendait que l'adjectif 'atroce' ne correspondait pas tout à fait à son cas, et pourtant c'était celui que tout le monde employait. Lex s'y était alors accoutumé, et lui aussi avait vu ça comme une horreur et une fatalité. Après tout, désirer blesser l'autre dans l'unique but de boire son sang, c'était un peu comme le principe vampirique. Et les vampires, personne ne dit qu'atroce est un mot trop fort pour décrire leurs actes. Il n'en était pas encore venu au meurtre c'était certain, mais peut-être cela allait-il dans l'ordre des choses?

-Enfin, il a tout de même sauté sur son frère afin de le vider de son sang, répliqua sèchement le médecin qui se sentait de plus en plus menacé.

Un misérable moyen de défense. Son frangin n'avait qu'à pas être aussi stupide... et puis il lui avait bien rendu la pareille.

-Mon FAUX frère... qui a été interné pour sadisme...

C'était également une chose à préciser, non? Puisqu'on le faisait passer pour le seul fou... La réaction suivante du directeur le surprit légèrement, car celui-ci défendit corps et âme la couleur violette. Un sourire amusé prit place sur le visage du jeune homme tandis qu'il observait son psy qui semblait totalement éberlué, et qui était sûrement en train de se dire que cet homme était aussi barjo que ses patients. Possible... Alexis n'aurait sû dire. Mais il avait parfaitement raison, et cette couleur n'était en aucun cas la cause de sa réaction.

Cette dernière avait tout simplement été le fruit d'un flot de stupidités venant de son médecin. Il décida d'ailleurs de se lever, légèrement ébranlé par cette entrevue, afin de quitter les lieux comme le lui avait indiqué le directeur. Il n'était pas très difficile de deviner ses pensées les plus intimes, et il souhaitait apparement le voir partir au plus vite. Le psy s'exécuta donc sans le moindre aurevoir, claquant la porte au passage comme un gamin énervé. Alexis poussa un soupir de soulagement en se tournant vers l'homme face à lui.

-Je suis désolé si nous somme arrivés à un mauvais moment, commença l'américain en référence au comportement du directeur lors de leur entrée dans la pièce. J'ai rempli le dossier dans sa totalité, mais s'il y a un soucis je pourrais rectifier. Lex marqua une pause durant laquelle il baissa les yeux. Dites moi... les personnes qui sont ici... sont-elles vraiment dangereuses?

Et voilà, il n'avait pas pû s'empêcher de poser cette question idiote qui le tracaissait depuis un petit bout de temps déjà. Mais elle était légitime cette interrogation, il avait le droit de savoir. Surtout s'il devrait partager une chambre avec quelques uns d'entre eux.

-Et puis mon nom c'est Lathela, Alexis Lathela.

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Dyan observait toujours le psy avec un désinteret non dissimulé. Il avait fortement envie de lui retorquer quelque chose comme « eh vous savez que vous ecrasez des centaines d’insectes par jour ? ». Seulement voilà, si lui portait un intérêt tout particulier aux animaux, insectes et plantes, il n’en était pas de même pour la plupart des humains, aussi choisit-il de se taire au lieu d’agraver la situation.
Il assista donc aux échanges de répliques des deux personnes en face de lui passivement. On aurait put croire qu’il cherchait simplement à se faire oublier, par lacheté, mais il n’en était rien. Il songeait simplement que le psychologue partirait plus rapidement si on ne lui répondait pas. Celui-ci semblait d’ailleurs déstabilisé par ce jeune homme immature et aux opinions étranges qui se trouvait être le directeur. Sans doute le trainnerait-il d’urgence dans son cabinet s’il en avait le choix. Mais Dyan avait été jugé « guéri » et apte à la vie en société il y a de cela quelques années, et on ne lui ferait plus remettre les pieds chez un psy avant très longtemps.

Il regarda le psychologue prendre la porte avec cet éternel grand sourire, comme s’il s’amusait de la situation- et c’était un peu le cas. Se faire détester de tous les psychologues et médecins passant dans son bureau et s’opposant à leurs opinions, il trouvait cela follement drôle. Comme il n’était encore qu’un grand enfant, faire enrager les adultes faisaient encore partie de ses loisirs.
Dés que l’homme eut disparu, Dyan se redressa du fauteuil où il était affalé, pour commencer à s’étirer de tout son long, comme l’aurait fait un chat, et ce sans gêne par-dessus le marché.
Y avait pas à dire, pour un directeur, il était vraiment hors-norme.

Lorsque le jeune homme en face de lui s’excusa, Dyan se contenta d’éclater d’un petit rire cristallin, reprenant une position plus confortable sur sa chaise, soit, ramenant ses jambes contre lui, en position fœtale.

« Oh non non il n’y a pas de mal. J’étais juste un peu gêné, mais maintenant que ton psychologue est parti ça va mieux »

répondit-il d’un ton joyeux. Se penchant légèrement par-dessus son bureau, il ajouta, baissant la voix, comme s’il s’agissait là d’une confidence de la plus haute importance.

« Je n’aime pas les psychologues et les medecins »

Il ponctua sa phrase d’un autre petit rire, avant de reprendre le stylo qu’il était en train de peindre pour l’inspecter sous tous les angles, histoire de vérifier s’il avait bien pris la couleur.
Mais la phrase du jeune homme le tira de sa rêverie contemplative, et fit apparaitre sur ses lèvres un sourire ravi.

« Vrai tu l’as deja rempli ? Quel soulagement ! Je n’avais aucune envie de le faire…enfin de toute façon je n’aurai pas pu… sinon je donnerai ton dossier à Edward et il verra lui-même s’il y a un problème. Si c’est le cas on t’appellera. Mais moi je ne peux pas le faire, je ne sais pas lire. »

Et voilà, il venait une nouvelle fois de jeter à la tête du premier venu son analphabétisme. Fallait-il qu’il se sente toujours obligé de préciser qu’il ne savait pas lire ? Apparemment, oui. Ca ne semblait pas être une honte pour lui.
Puis vint la question d’Alexis. Le visage enjoué du directeur se figea alors, pour se décomposer lentement, signe qu’Alexis avait dit quelque chose qui ne lui plaisait pas.

« C’est fou ça ! Tu es la troisième personne à qui je dois demander de me tutoyer ! »

s’exclama-t-il avec une mine surprise, comme si cela avait quelque chose d’étonnant.

« Je ne comprends pas pourquoi vous vous entêtez tous à me vouvoyer »

ajouta-t-il en croisant les bras sur sa poitrine, l’air à la fois vexé et contrarié. La réponse aurait été : sans doute parce que tu es le directeur Dyan. Mais ca, allaez-y pour le lui expliquer. Poussant un petit soupir, sa bonne humeur chassa à coups de pieds bien placés sa mauvaise mine, laissant apparaitre son éternel sourire enfantin. Cette capacité à passer des larmes, au rire, à la colère, c’était du Dyan tout craché.
Reconsidérant enfin la question d’Alexis, il se mit à réfléchir, un air sérieux s’affichant sur son visage. Un air qui paraissait assez grotesque chez quelqu’un comme le directeur de Teikiatsu.

« Dangereuses ? Mm… je ne sais pas… Ca depend ce que tu appelles dangereux… Non parce que moi j’ai toujours trouvé les médecins dangereux…ils me font peur… Et comme il y a des médecins ici, oui on peut dire qu’il y a des gens dangereux… »

On aurait put croire que Dyan tournait autour de pot et éviter volontairement de mentionner les autres pensionnaires, mais non, c’était là son avis. Et l’idée que Alexis ne fasse allusion aux pensionnaires et non aux membres du personnel ne lui effleura même pas l’esprit. D’ailleurs, le sourire brillant de sincérité qu’il lui adressa par la suite prouvait bien sa bonne volonté à répondre au jeune homme. Seulement voilà, ayant lui-même été traité de fou furieux et tout le tintouin, il lui était tout bonnement impossible de considérer ses pensionnaires comme des malades, des fous dangereux, et tous les qualificatifs que les gens s’amusaient à leur donner…

« Enchanté Alexis. Moi je m’appelle Dyan »

se présenta-t-il à son tour, omettant volontairement de donner son nom de famille, histoire qu’on en s’amuse pas à l’appeler « M. Nostrada ».

Le directeur ne cessait de surprendre le jeune américain. Sa façon d'agir était bien aux antipodes de tout ce qu'il avait pû redouter. Il avait l'air si immature, mais pourtant sa physionomie ne trompait pas. Il lui donnait dans les 25 ans, mais cet âge ne s'appliquait apparement qu'à ses traits physiques. Etait-il lui même atteint d'une maladie, ou bien l'avait-il été? Peut-être oui, cependant ce n'était pas non plus la seule cause qui avait pû provoqué un tel phénomène. Après tout, il était encore jeune, et même s'il avait gardé un caractère enfantin il murirait bien assez tôt. Il avait sans doute conservé toute sa naïveté et son optimisme, ainsi que sa bonne humeur contagieuse. L'on pouvait dire que c'était une chose positive, et son idée de création d'un tel lieu en témoignait.

Bref, cet homme ne rentrait pas dans les "normes" qu'il appliquait généralement aux êtres humains, tout comme il s'était exclu lui-même. Un autre point qui jouait en sa faveur et qui le soulageait. Quelque part, Alexis enviait ce grand gamin, car lui avait évolué bien trop vite. Il ne s'était jamais vraiment amusé comme tous les adolescents de son âge, à se saouler dans les bars, à fumer quatre paquets de clopes par jour, à se déchaîner sur une piste de danse en se rendant parfaitement ridicule. Il ne regrettait rien car cela avait été un choix, certes poussé par Nicolas, mais un choix tout de même. On le prenait alors pour un mec barbant et coincé, toujours le nez fourré dans ses bouquins, mais paradoxalement pour un garçon mystérieux autour duquel on faisait des paris pour savoir qui parviendrait à lui arracher le plus de renseignements sur sa vie.

Et puis une rumeur était née de son frère, donc une source sûre. Ah oui, ça les avait bien fait jaser de savoir qu'il s'était jeté sur ce stupide français. Il avait alors attiré différentes réactions de la part des autre élèves. Il exerçait sur certain une étrange peur, tandis que d'autres le trouvait cool... Il était vrai qu'être atteint du syndrôme de Renfield, c'était vraiment cool... Mais sans doute l'admiraient-ils d'avoir enfin pris l'initiative de se défendre contre les provocations incessantes de Nicolas. Car d'autres encore le prenait en pitié, le pauvre gamin qui avait vu débarquer trois aliens dans sa vie. Ils n'étaient pas loin de la vérité, mais Lex détestait par dessus tout ce sentiment de peine inutile.

Le jeune homme secoua la tête pour chasser toutes ses pensées qui étaient si gentiemment venues s'emparer de son esprit. Ce n'était ni l'endroit ni le moment pour songer à de telles conneries. Puisque de toute manière, il n'avait jamais accordé la moindre importance à l'opinion d'autrui quant à son sujet. Ils avaient une liberté de penser qu'il ne pouvait leur retirer. Ce directeur très spécial donc, abhorrait les médecins. Plutôt bizarre pour une personne telle que lui... L'hypothèse de la pathlogie lui revint pour la seconde fois en tête, et là, elle était plus vraissemblable. Un faible sourire vint orner le visage du jeune américain avant qu'il ne s'exprime à son tour sur la question.

-Je ne les porte pas non plus dans mon coeur... mais je suppose que certains sortent du lot.

Alexis avait en effet appris qu'il fallait toujours relativiser les choses, et ne pas généraliser à tord. Il restait convaincu que sa malchance avait encore était à l'origine de son malheur, car bien d'autres médecins qualifiés l'auraient plus aidé que ce crétin. Une autre nouvelle frappa le jeune homme, celle de l'analphabétisation du directeur qui semblait presque s'en vanter. Il ne savait donc ni lire ni écrire? Même pas un petit mot? Il ne pouvait pas dévorer un magnifique roman de Jules Vernes ou de Clive Cussler?

Misère... c'était presque un crime pour le jeune Lex qu'une personne soit ainsi privée de ce plaisir indescriptible. Mais il se doutait bien que cela n'avait pas spécialement été un choix personnel de la part de Dyan. Au moins sa propre mère avait pris le soin de lui faire poursuivre des études correctes jusqu'à présent, la seule chose qu'elle avait correctement accomplie d'ailleurs. Le garçon acquiéça d'un signe de tête affirmatif, mais ne put pas garder son silence très longtemps.

-Ce ne sont pas mes affaires mais... je pense que tu devrais t'intéresser à l'apprentissage complet de notre langue. La lecture est un don non négligeable, je peux te le jurer.

Un doux sourire accompagna ses propos, comme s'il parlait d'une véritable merveille, d'une chose qui lui tenait particulièrement à coeur, et c'était le cas. Il le tutoya bien sur, comme il le lui avait demandé un peu plus tôt. Evidemment, on ne vouvoie pas ce genre de personne, mais Alexis l'avait compris trop tard. Cela lui faisait un peu drôle de passer du coq à l'âne, mais ce n'était jamais compliqué de dire "tu".

La réponse de l'homme le laissa une fois de plus perplexe et souriant. Décidemment, il n'avait pas fini de l'étonner. Sa désarmante franchise l'inquiéta néanmoins quelque peu, car il n'avait pas tout à fait comblé sa curiosité. De toute façon il verrait bien par lui même s'il se faisait agresser au coin du couloir par un psycopathe...

-Bien, que dois-je faire à présent?

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En effet, le moins qu’on puisse dire c’est que l’apparence de Dyan et son mental étaient loin d’être semblables. A première vue, il donnait l’air de quelqu’un de plutôt calme, posé, équilibré. Du moins, si l’on ignorait l’énorme sourire qui venait régulièrement fendre son visage, et ses yeux de grand enfant qui découvre le monde.
Mais Alexis n’avait en vérité rien n’à envier à Dyan. Car le fait était que, s’il était aujourd’hui un grand bambin, encore si jeune dans sa tête, toujours prêt à rire et s’amuser, c’était en vérité parce que lui aussi avait grandi trop vite. Ayant zappé son enfance lorsqu’il était petit, il tenta de rattraper le temps perdu une fois sorti de sa maison de fou –et ce de manière tout à fait inconsciente. Le problème venait en parti du fait que le directeur était lui-même intimement persuadé d’avoir encore 12 ans, l’age où il fut interné. Et forcément, à 12 ans –age bête- ça n’est pas la maturité qui prédomine… Le comportement de Dyan en témoignait.

Toujours dans sa position fœtale, il posa son menton sur ses genoux, enserrant ses jambes de ses bras fins, les yeux fixement posés sur le visage d’Alexis. L’idée que dévisager ainsi quelqu’un pouvait s’averrer gênant et de surcroît, était très mal poli, ne vint pas lui caresser l’esprit un instant. A croire qu’il y avait toute une éducation à refaire chez ce jeune adulte. Et c’était d’ailleurs le cas. On ignorait encore s’il avait tout perdu durant son internement, où s’il n’avait jamais réellement su, puisqu’il refusait catégoriquement de parler de son passé. Il prétendait à qui s’y intéressait qu’il avait tout oublié, et même son plus grand confident –humain, parce que sa peluche Pynou et sa plante Lily étaient bien sur au courant de toute sa vie- Edward, ne savait rien de l’enfance tourmentée de Dyan. Pourtant, lui s’en souvenait avec exactitude. Beaucoup trop d’exactitude.
Il écouta la réponse d’Alexis d’une oreille très distraite, encore plongé dans ses éternelles rêveries.

« Oui il y en a sûrement… »

marmonna-t-il, tandis que son esprit basculait à nouveau dans les années sombres de son passé. Il y en avait peut être, en effet, mais lui, ceux qu’il avait connu, il les détestait. A part peut être Edward, mais le fait était que Dyan ignorait qu’Ed était psychologue. Pour lui c’était… une sorte de deuxième maman. De première même, puisqu’il ne se souvenait plus de l’originale. Non, le seul souvenir du psychologue qu’il avait, c’était cet homme affreux qui tentait sans cesse de le toucher, et qui lui faisait des piqures lorsqu’il se débatait. Le même qui ne cessait d’essayer de ressasser le mauvais moment qui l’avait mis dans cet état. Ce sempiternel besoin de remuer le couteau dans la plaie… Cette façon qu’il avait de le regarder comme s’il n’était…rien. Qu’une chose qu’on s’amuse à manipuler et étudier. Il n’aimait pas les psychologues pour toutes ces raisons. Mais particulièrement pour cette mauvaise habitude de traiter tout et tout le monde de fou. Il n’était pas fou, il en était sur, même Edward lui avait dit qu’il n’était pas fou. Pourtant, là bas, c’est ainsi qu’on l’appelait. « Le fou ». « Le cas »…

Le jeune directeur secoua légèrement la tête, répandant ses longues mèches sombres sur son visage, pour reprendre pied dans la réalité, pour se retrouver à nouveau dans son bureau, et non des années avant dans sa petite cellule blanche…
Il avait encore eu un instant d’égarement, durant lequel ses yeux s’étaient fixés dans le vague, son regard se faisant lointain.
Retrouvant rapidement son naturel enjoué, THE sourire ne tarda pas à reprendre de droit sa place sur les lèvres de Dyan, tandis qu’Alexis le proférait ses conseils sur son apprentissage.

« Je sais je sais, j’apprends, mais Edward n’a pas toujours le temps de m’apprendre »

expliqua-t-il avec un petit haussement d’épaules. La faute à qui s’il n’avait pas le temps ? Forcément, avec un directeur pareil, le co-directeur devait assurer à lui tout seul tout le côté administratif et financier de Teikiatsu. Force était de constatée qu’avec tout ce boulot, il n’avait en effet pas énormément de temps pour apprendre à Dyan la lecture et l’écriture. Et puis, lorsqu’il en avait le temps, c’était généralement le directeur qui n’avait aucune envie de travailler… Et le résultat était là. Mais ça ne le dérangeait pas plus que ça au fond… Il n’en était pas non plus fier, il avait bien conscience d’avoir un train de retard sur la plupart des gens « normaux », mais bon, il vivait avec sans trop de problème. De toute façon, la lecture était une activité beaucoup trop calme pour lui. Il avait besoin de bouger, de parler avec les gens, bref, d’être actif. Tous comme les jeunes enfants, Dyan était le genre de personne à se lasser trèèèès vite d’un activité. A l’exception même de la peinture d’objet, ça, il pouvait y passer des heures entières sans broncher. C’était surement l’unique solution pour tenir un Dydy tranquille d’ailleurs.

Une fois de plus, la phrase d’Alexis le tira de ses songes, pour le plonger dans la réflexion. Que devait-il faire…uhuhuh bonne question.
Levant l’index au ciel, tandis qu’un éclair de génie semblait avoir traversé cette petite tête de linotte, il lui adressa un grand sourire et se leva d’un petit bond.
Traversant le bureau, il regagna la petite étagère où étaient disposée toutes les clefs.
Contemplant d’un air pensif les numéros, il se demanda quel numéro il allait donner à Alexis.
Finalement, il opta pour le numéro 4. Il attrapa la clef et rejoignant à nouveau le jeune homme, il lui tendit avec un sourire.

« Voilà, c’est le numéro de ta chambre. Si tu veux y aller je croix que tout est réglé »

déclara-t-il tout simplement.

Alexis reporta son regard vert sur le directeur qui semblait à son tour plongé dans ses pensées. Visiblement sa remarqua avait déclenché quelques souvenirs, que le jeune américain ne connaîtrait sans doute jamais. Puis vint une autre phrase de l'homme assis face à lui, comportant une fois de plus le prénom d'Edward. L'adolescent s'était demandé quelques minutes plus tôt, quel lien existait-il entre Dyan et ce fameux Edward, mais apparement il s'occupait de la paperasse et des parties administratives... En fait Alexis ne le savait pas vraiment. Comment aurait-il pû deviner de qui il s'agissait, on ne lui avait pas fourni le moindre renseignement sur ce lieu. Il avait essayé de récupérer des informations seul, malheureusement ses efforts s'étaient tous soldés par un lamentable échec.
Le directeur apprenait donc, à lire et à écrire? Il était toujours temps d'étudier ce genre de chose, mais il était certain qu'un homme de vingt ans passé avait plus de difficultés qu'un gamin. Et puis ce pouvait paraître contraignant, d'autant plus qu'il n'était pas tenu de cet apprentissage. Bref, cela faisait franchement bizarre au jeune garçon de rencontrer Dyan. La présence de cet homme dans un tel lieu semblait sonner faux, mais pourtant il y avait sa place. L'américain se leva, puis saisit la clé qui lui était si joyeusement tendue. Numéro 4... parfait, il pouvait dès à présent découvrir sa chambre.

"Bien, je vous remercie de cet accueil... Alexis esquissa une légère grimace en se souvenant d'un détail primordial, puis se reprit. Enfin je veux dire... je te remercie."

Le garçon saisit sa veste, puis se dirigea vers la sortie de la pièce. Il se retourna une dernière fois afin d'imprimer cette salle dans son esprit, ainsi que le visage de cet étrange directeur. Puis il disparut derrière la porte, après un bref signe de la tête. Il marcha le long du couloir qu'il avait déjà emprunté, mais il ne connaissait en fait pas du tout le bâtiment. Or celui-ci se révélait être assez vaste, et il aurait sans doute du mal à se repérer dans les premiers temps. Alexis n'était franchement pas séduit par l'idée de se perdre, mais il n'avait pas le choix.