C'est une belle journée...

Une atmosphère électrique où l’hypocrisie régnait en maitresse. Voilà ce qui caractérisait à merveille l’ambiance pesante qui régnait entre le trio qui attendait devant le bureau du directeur. Mais quel trio ? Celui-ci se composait d’un homme plutôt grand, au cheveux blonds coupés en brosse. De carrure plutôt imposante, il revêtait une chemise beige et un pantalon bien coupé noire. A côté de lui, une jeune femme aux cheveux longs, bruns, légèrement bouclés. Elle était vêtue d’un chemisier à fleur blanc, et d’une jupe longue brune à frange. En face de ce couple, une silhouette plus petite et que l’on devinait plus jeune. Une jeune fille aux cheveux bruns également, qui lui tombaient pêle mêle jusqu’aux épaules. Ses vêtements se constituaient d’une jupe brune à volant, qui retombait jusqu’aux genoux sur un jeans délavé et déchiré. En guise de haut, elle portait une tunique orangée aux manches brodées. Dernière petite touche, elle avait enroulé autour de son cou une longue écharpe pourpre. Mais sous cette apparence pour le moins féminine, se cachait en vérité un jeune homme du nom de Calypso. Et ce jeune homme en question fixait l’homme en face de lui, qui n’était autre que son beau père, avec un regard noir. Ce dernier le lui rendait d’ailleurs bien, accompagnant ce regard d’un sourire mesquin, voir sadique. La femme quant à elle semblait retenir avec difficulté les larmes qui menaçaient de perler au coin de ses grands yeux verts. Mais pas un seul mot ne fusait, seuls les yeux parlaient.
C’est finalement l’homme qui brisa ce lourd silence.

« Allons Josy, on devrait y aller » proposa-t-il d’un ton calme, entourant de son bras les épaules de sa femme. Celle-ci dénéga de la tête, tandis que sa voix tremblotante s’élevait.

« Non, je veux dire au revoir à Calypso…
- Alors fais le ici, je suis sur que le directeur préférerait avoir un entretien seul avec Calypso, ça sera mieux pour lui… »

Calypso fronça les sourcils. Comment cet homme pouvait raconter ce genre d’ânnerie ? Comme si personne n’avait compris qu’il cherchait tout bonnement à se débarrasser de lui au plus vite ! Manifestement, sa mère ne l’avait pas compris, puisqu’elle hocha la tête à contre-cœur, réprimant une larme du bout de la main.

« Tu as sans doute raison William… »

Calypso détourna la tête, agacé de cette scène. Qu’ils s’en aillent, tous, qu’ils dégagent, c’était tant mieux après tout. Tous des hypocrites, à l’envoyer dans un asile pour timbrés soit disant « pour son bien ». Lorsque sa mère s’approcha donc de lui pour l’enserrer de ses bras tremblant, Caly eut un mouvement de recul, lui jetant un regard empli de dégout.

« allons mon chéri tu sais bien que je fais ça pour toi ! »

répliqua-t-elle d’une voix suppliante, blessée de voir une telle réaction chez son fils.
S’avançant d’un pas, son beau père déposa sa main sur l’épaule de sa femme, pour lui apporter son soutient.

« Elle a raison Calypso, c’est pour ton bien »

Bon dieu ce que cette phrase pouvait sonner faux. Tant de mensonge, cet homme était abject !
Voyant que son fils se montrait toujours réticent à l’étreinte d’au revoir, Josy se ravisa, et essuya par des gestes fébriles les pleurs qui s’aventuraient sur ses joues.

« N’oublie pas que tu peux nous appeler, n’importe quand, si tu veux nous voir ! »

Comme pour appuyer ses dires, cet hypocrite de beau père lui adressa un sourire mielleux, tout exerçant une légère pression sur l’épaule de la mère, pour l’inciter à quitter les lieux au plus vite.

« C’est vrai, si tu as un problème, n’hésite pas »

Caly aurait put lui exploser de rire au nez si l’humeur y était. Ses paroles et son visage se contredisaient complètement. Ses yeux exprimaient le mépris, le dédain, et la joie d’enfin se débarrasser de ce poids mort. Sa voix elle aussi traduisait sa satisfaction, tandis que ses paroles se voulaient gentilles. Et cette idiote bonne femme qui lui servait de femme semblait y croire dur comme fer.
Agacée par la situation, Caly choisit de ne rien dire, les regardant s’éloigner, une boule de haine brûlant dans sa poitrine. Ce qu’ils pouvaient les détester ces deux là… Tout depuis le début était de leur faute, absolument tout.
Mais ça n’était pas le problème actuel. Il n’allait tout de même pas rester planté ici, autant entrer dans ce bureau et régler ce qu’il y avait à régler.

Empoignant son sac à dos de la main droite, il frappa légèrement à la porte, avant de l’ouvrir du bout du pied, pénétrant dans le bureau d’un pas presque timide. Il détailla rapidement la pièce des lieux, avant de s’avancer plus franchement vers les 3 sièges mis à disposition pour les nouveaux venus, sans pour autant s’asseoir.

« Euh bonjour… »

commença-t-il d’un ton incertain.

« Je suis Calypso Deylusos, je viens pour euh…les papiers de l’inscription »

ajouta-t-il, laissant tomber son sac à ses pieds en un bruit sourd. Il soupira intérieurement, se demandant franchement ce qu'il venait foutre dans un asile... Il n'était pas fou, malgré ce que s'entêtait à répéter son beau père. Non...on voulait tout simplement se débarrasser de lui, voilà tout. De toute façon, la vie à la maison devenait infernale sans Mick et Gany...

[Je vais me coucher, une si belle journée qui commenceeuh ]

Après une longue nuit sans réussir à trouver le sommeil, Edward était allé dans le bureau de Dyan pour essayer une énième fois de trier les papiers. Plus exactement, il voulait lire les dossiers de tous les patients qu’il n’avait pas encore pu consulter et s’occuper de la restauration.

Le jeune homme alluma une fois de plus la chaîne stéréo qui se trouvait dans le bureau, et immédiatement, une petite musique d’ambiance se répandit dans l’atmosphère. Edward soupira un grand coup en apercevant la pile de feuilles qui l’attendaient, et se dirigea finalement sur le grand fauteuil bien confortable de Dyan, où il s’assit sans plus de retenue. Immédiatement, Ed saisit la première facture qui lui tomba sous le nez, concernant la facture d’électricité du mois précédent. C’est fou ce qu’ils avaient consommé, sans pourtant rien utiliser d’extravagant. Si ça continuait, ils allaient devoir se passer de lumière pendant un petit moment et revenir aux traditionnelles bougies… après tout c’était plutôt joli les bougies, non ?
Le co-directeur se força à garder son attention sur la facture, mais involontairement, au bout d’un moment, ses yeux commencèrent à se croiser, tandis, que ses pensées n’étaient plus du tout préoccupées par la facture. Son esprit s’était une nouvelle fois envolé vers … l’infini et l’au delàààà, bercé par la douce musique. Edward resta un petit moment à rêvasser, avant de finalement s’assoupir dans le bureau.

Lorsque la douce voix de Calypso parvint à ses oreilles une première fois, Ed se contenta de pousser un petit gémissement, comme lorsque l’on dort et qu’une autre personne essaye désespéramment de vous réveiller. Mais ses yeux restèrent fermés, et sa respiration toujours aussi régulière. Le co-directeur ne bougea pas d’un poil jusqu’à ce que le nouvel arrivant ne se décide finalement à reprendre la parole.

Lorsque Calypso se présenta finalement, Edward fit un grand bond, manquant de tomber par terre, avant de fixer des yeux mi endormis/mi étonnés sur la jeune femme qui se tenait devant lui.

« Hein ? Oh désolé jeune fille je… je m’étais endormi, excusez moi »

Fit-il, essayant de remettre de l’ordre dans ses cheveux totalement emmêlés devant son visage aussi bien que dans son esprit. Edward tira un sourire gêné à la jeune fille -puisqu'il était persuadé que Calypso était une femme- qui s’asseyait dans un long soupir. Evidemment, le co-directeur pensa que c’était du à son attitude étonnante pour un soit disant responsable, et ne manqua pas de faire un petit geste de la tête, avant de s’excuser à nouveau.

« Vous avez déjà un dossier avec vous ? »

Demanda-il finalement, joignant à ses paroles un long baillement caché poliment par un geste de la main devant sa bouche.

L’humeur massacrante de Caly avait eu le temps de retomber comme un soufflet le temps d’entrer dans un bureau. Le jeune homme n’avait pas pour habitude de se laisser emporter. Au contraire, d’habitude, il s’arrangeait toujours pour cacher tous ses ressentis derrières de jolis et aimables sourires. Mais avec son beau père, ça lui échappait. Il le haïssait bien trop pour retenir en lui sa haine.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir le directeur affalé sur son siège, visiblement endormi à son arrivé. Il eut même un petit sourire, trouvant cette scène amusante. Un membre officieux et haut placé de l’établissement dormant comme un bébé, c’était assez attendrissant. Du moins, de son point de vue. Il n’osait imaginer les commentaires de son beau père s’il avait été là. Il aurait certainement eut droit à un long discours sur la politesse et le manque de savoir vivre. Heureusement qu’ils étaient partis tous les deux, Caly était bien mieux tout seul.

M’enfin bon, que le directeur ait l’air mignon ou non dans son sommeil, ça n’était pas une raison. Le jeune grec ne comptait pas rester planté ici en attendant que l’homme fasse sa nuit.
C’est pourquoi il éleva légèrement la voix à sa seconde phrase, esperant obtenir une autre réaction qu’un soupir ennuyé en plein sommeil. Et il eut du mal à retenir un autre sourire en le voyant bondir de son siège comme un animal apeuré. Mais sans doute à cause de sa timidité, ses lèvres ne s’étirèrent que très légèrement en un sourire effacé.

« Non non ce n’est pas grave »

répondit Caly en prenant place sur un des sièges en face du directeur. Bon, le point positif, c’est qu’Edward n’allait pas s’entêter à le prendre pour un garçon. C’est qu’il en avait assez que sa mère ne lui répète à longueur du journée qu’il n’était pas un fille. Bien sur qu’il était une fille ! Même s’il n’avait aucune poitrine et que ça le complexait d’ailleurs énormément, il n’avait aucune doute là-dessus : il était une fille. Et le co-directeur en semblait lui aussi convaincu. Du moins, ça c’était avant qu’il ne tombe finalement sur le dossier où il était clairement indiqué que Caly était un homme. Si le regard d’Ed s’aventurait un peu plus bas sur le formulaire, il pourrait également constater que ce jeune homme était plus que persuadé d’être du sexe féminin.

Le voyant s’excuser à nouveau, Calypso lui assura d’un geste de la main que ça n’était rien. Génial, son soupir avait été mal perçu… Mais le fait qu’Edward dormait à son arrivé n’y était pour rien. Il ne se sentait tout bonnement pas à sa place ici. Qu’est-ce qu’il avait à faire dans un asile ? Il n’était pas fou jusqu’à preuve du contraire, contrairement à ce que cet idiot de psychologue semblait croire. A sa simple pensée, le regard du jeune grec se fit pensif et douloureux. Pourquoi de pareils imbéciles existaient, hein ? S’il n’avait pas été là, jamais Caly ne se serait retrouvé dans un endroit pareil… Quoique, vu ses relations avec son beau père, sûr que celui-ci aurait trouvé une autre alternative pour se débarrasser de lui. Il ne serait même pas étonnant qu’il ait payé le médecin pour diagnostiquer une forme de folie chez Calypso….

« Euh pour le dossier je crois que mon ancien…psychologue vous l’a envoyé. Calypso Deylusos »

répondit-il, sa voix se faisant un brin sifflante au mot ‘psychologue’. Il crut bon de répéter son nom, pas certain que Edward l'est entendu dans son semi-sommeil tout à l'heure.
Jetant un coup d’œil au bureau pour le moins hum… encombré, il ajouta.

« Vous devez l’avoir euh…quelque part… »

« Calypso Deylusos… »

Répéta Edward l’air à moitié endormi. Le nom ne lui était pas totalement inconnu, il avait déjà du voir ce dossier, et le ranger quelque part, quoi que ranger serait ici un bien grand mot. Oui, mais la question qui demeurait était « où » ? Dans quel endroit le co-directeur avait encore décidé de mettre les dossiers ?
Comme s’il lisait dans ses pensées à cet instant, ce qui n’était d’ailleurs pas bien dur étant donné qu’Ed regardait le bureau avec un air de désespoir, la jeune femme rajouta une remarque sur le bordel environnant.

Immédiatement, Ed releva les yeux vers elle, avant de lui lancer un petit sourire

« Oui, je suis désolé, il y a un peu …. Enfin le bureau n’est pas très ordonné »

Fit-il d’une petite voix presque intimidée, avant de replonger son regard vers le bureau. Rapidement, le co-directeur souleva une pile de papiers, puis une deuxième, en scrutta une troisième en regardant chaque papier un à un, pour finalement tomber sur un formulaire, qu’il sortit rapidement

« Je l’ai trouvéééé »

Fit-il finalement, d’une voix aussi joyeuse qu’un gamin content de gagner au monopoly. Il brandit le formulaire, avant de le secouer dans les airs avec un grand sourire, mais se reprit bien vite en regardant Calypso, et baissa immédiatement la tête, quittant son air d’imbécile heureux, un petit peu gêné. Immédiatement, le co-directeur reporta ses yeux sur le papier, qu’il s’empressa de lire, avant de froncer les sourcils. Etrange, sur le haut du formulaire, il était indiqué que la jeune femme en face de lui était… un homme.

Edward releva les yeux vers le nouvel arrivant pour le regarder, avec un petit air étonné. Ses traits étaient tellement féminins, son visage aussi… même sa voix ne trahissait pas sa réelle identité… A moins que les personnes qui aient rempli le dossier ne se soient trompées ?

« Vous…. »

Commença t’il, avant de chercher de quelle manière tourner sa phrase pour qu’elle ne tourne pas à la vulgarité. Edward baissa un moment le regard sur la feuille, pour le relever finalement, les joues légèrement teintées

« Vous êtes un homme ? Oh je suis désolé je… je m’était trompé je viens de me réveiller, je… excusez moi »

Fit-il en s’excusant une fois de plus, se rendant compte de la gaffe qu’il avait fait. Et oui, lorsque Calypso était arrivé, il l’avait appelée « Jeune fille », et Edward pensa bien évidemment qu’il avait du vexer le jeune homme, loin de se douter que ce dernier préférait être une femme. Le co-directeur sourit au nouvel arrivant, un petit peu gêné, avant de reprendre

« Bien, je pense qu’il y a tout dans le dossier… avez-vous des questions »

Demanda finalement Ed, tout en se tournant vers le petit panneau situé juste derrière le bureau, sur lequel étaient accrochées toutes les clés. Il saisit rapidement la plus proche, pour la tendre à la jeune fille… au jeune homme sans quitter son sourire

« Voilà, vous aurez la chambre numéro 4 . Elle est située au premier étage et … vous avez déjà un colocataire il me semble »