Une bouffée d'optimisme avait envahi la poitrine d'Evan lorsque ses parents lui annoncèrent la sentence:
"Oui, tu vas...quelque part, mais ce n'est pas un asile."
On sentait aisément le ton déterminé dans les sanglots à demi étouffés de sa mère, voix semblant chargée de remords qui avait si longtemps fait hésiter la jeune fille avant de descendre de la voiture.
Le "quelque part" mentionné ne pouvait certainement pas la rassurer... mais le reste de la phrase eut pour don de lui plaire.
Les sens confondus, Evan leva son regard bleu, empli d'une curiosité non dissimulée, sur l'ensemble du bâtiment.
Ses parents, non loin d'elle, l'observaient, manifestement inquiets.
La jeune fille se retourna lentement et porta une main tremblante à son front. C'était... Non. Ils ne...
"Ne nous oublie pas, je t'en prie", s'emporta la femme qui se tenait en face d'elle, les larmes aux yeux, elle sanglotait doucement. Le message était parfaitement explicite. "Avant de te saigner, pense au moins aux gens qui t'aiment."
Evan, elle, sentait les larmes lui envahir les joues. Indifférente, elle les essuya, la colère l’emportant sur le tout.
"C'est faux! Vous m'avez mentit! C'est un asile! Un asile!" Elle hurla ce dernier mot, la rage et la fureur pointant dans sa voix qui finit par s'éteindre dans un murmure.
Sa mère l'appela, son père se retirant auprès de la voiture, elle tenta d'attraper par le bras sa fille, mais celle-ci avait appréhendé ce geste; elle coura presque vers l'entrée.
"Evan...Non, écoutes, ce n'est pas un asile, écoutes-moi..."
Elle ne répondit pas, s'étant assise à terre, contre un mur.
"Evan!"
A cet instant, elle releva les yeux vers sa mère.
"Vous n'avez pas confiance en moi", affirma-t-elle, sûre d'elle à présent.
Pendant toute cette année, ils l'avaient persuadés du contraire...
Cette fois-ci, ce fut au tour de sa mère de baisser le regard.
Sa fille n'avait pas tort.
*De toutes façons, qui pourrait lui faire confiance ?* Songea-t-elle tristement en se remémorant la récente cicatrice sur le poignet de sa fille qui, au mieux, disparaîtrait dans un peu plus de trois semaines, ou, au pire, serait rouverte dans un peu plus de trois jours...
"A bientôt, Evan."
Elle ne répondit pas, collant son menton contre ses genoux qu'elle entoura de ses bras, enfermée dans une attitude de protection.
Evan n'entendit pas la voiture démarrer, pas plus qu'elle ne s'entendit sangloter. Ils l'avaient abandonnés…
Finalement, après quelques minutes qui lui semblaient être passées comme des heures, elle se releva, péniblement, devant s’aider du mur.
Sa valise... Posée juste à côté. Elle ne se souvenait pas d'avoir vu sa mère le faire, et savait pertinemment qu'elle-même ne l'aurait jamais fait, de son trop grand désir de rentrer chez elle.
La jeune fille pénétra à l'intérieur. La couleur incongrue du hall ne la surprit pas, il n'était même pas certain qu'elle ait compris où elle se trouvait.
Ses pas la menèrent au centre du hall et, nerveuse, elle tâtait déjà la fine cicatrice de son poignet. Elle en demeurait parfaitement inconsciente, car plongée dans ses pensées.
